Nature et Patrimoine de Moissat

Les articles de Maurice Jaffeux

Maurice Jaffeux et son complice Jean Debeuf nous parlent de Moissat et de son passé.


Histoire de la Touraille

HISTOIRE DE LA TOURAILLE

Une délibération de la mairie de Moissat, datée du 10 décembre 1899, interpelle. Il y est écrit que « la culture de la betterave sucrière a subi un temps d’arrêt depuis la fermeture de l’usine de Billom et la suppression de la sècherie établie par la société de Bourdon au terroir des Gravenouses ». (La sucrerie de Billom, qui fut un temps, concurrente de Bourdon, est actuellement une friche industrielle, à l’ouest de cette ville).

Quelle est donc cette sècherie ? Une étude récente faite conjointement par l’Association du Vieil Aulnat et l’Association Traces et Mémoires de Malintrat sur l’industrie sucrière en Auvergne nous en donne l’explication.

Un procédé expérimenté par la sucrerie consistait d’abord à faire la dessiccation des cossettes de betterave (fines languettes découpées au coupe-racine). Cela devait permettre de les conserver. Ainsi les usines d’extraction du sucre de Bourdon et d’ailleurs devaient fonctionner durant une longue période de l’année. Pour dessécher ces cossettes il fut créé des « tourailles » dans les lieux de production, notamment à Saint Beauzire, Chappes, Malintrat, Les Martres d’Artière et Moissat, ceci au début des années 1850. Le cadastre de Moissat de 1834 témoigne qu’il n’y avait pas de construction au lieu actuel de la Touraille.

D’après le dictionnaire Larousse une touraille (mot d’origine picarde) est un bâtiment d’une brasserie de bière dans lequel on sèche et aromatise le malt. Ici on utilise le même mot pour dessécher la betterave.

Ce procédé s’avérait coûteux. Il fut donc abandonné bien avant 1899.

Le terme touraille était d’abord un nom commun comme dans l’acte de décès de la commune de Moissat, daté du 8 juillet 1870, où il est écrit qu’Antoine JURY époux de Anne DUFOUR, demeurant à Bouzel, âgé de 29 ans est décédé à la touraille des Gravenouses. Gravenouses est le nom du terroir du lieu.

Il est curieux de constater qu’au fil du temps ce nom commun est devenu le nom de lieu pour ces bâtiments : La Touraille. Dans le langage courant on l’appelle également La Fabrique.

 

LES HABITANTS DE LA TOURAILLE DURANT LA SECHERIE

Les premiers habitants apparaissent au recensement de 1856 ce qui confirme ce qui est écrit ci-dessus. Il s’agit de :

MONIER Antoine né le 26 10 1819 à Bouzel marié le 5 10 1847 à Moissat

BAGET Françoise sa femme née le 7 2 1822 à Pironin

MONIER Mathieu fils né en 1849

MONIER Baptiste fils né en 1850

MONIER Paul fils né en 1852

MONIER Gabrielle fille née le 21 12 1855 à Moissat

En 1861 et 1866 on a :

COHADE Jean régisseur né en 1803

VANNAIRE Marie sa femme née en 1807

COHADE François fils né en 1842

En 1872 et 1876 on a :

MARTIN Joseph régisseur né en 1849

DIONET Augustine sa femme née en 1850

En 1881 et 1886 La Touraille est inhabitée. Ceci est confirmé par le « Dictionnaire des lieux habités du département du Puy-de-Dôme » de J B BOUILLET daté de 1883 : La Touraille n’est pas répertoriée.

La sècherie a donc cessé son activité entre 1876 et 1881.

 


05/07/2023
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Histoire des écoles

 

LES ECOLES DE MOISSAT

 

A la suite de la Révolution de 1789 la toute nouvelle République s’est intéressée à l’instruction de ses enfants, comme en témoigne une délibération du conseil municipal de Moissat en date du 7 frimaire an 5 (27 novembre 1796) : « L’assemblée a unanimement chargé Mr COSTILHE de réclamer les maisons curiales des Haut et Bas Moissat pour établir dans l’une l’instituteur et dans l’autre l’institutrice, attendu qu’une seule ne serait pas suffisante vu la grande population de cette commune et le grand nombre des enfants. Il serait même à souhaiter deux instituteurs et deux institutrices parce qu’il serait trop fatigant aux enfants de faire deux fois dans le jour le voyage, surtout en hiver, temps auquel les chemins sont presque impraticables et que dans les autres saisons pendant lesquelles les enfants sont nécessaires pour différents ouvrages. Les allers et venues qu’ils feraient, occasionneraient une perte de temps trop considérable, ce qui nuirait à l’agriculture ».

Ce texte laisse entrevoir plusieurs facettes :

-l’anticléricalisme de la Révolution. On prendrait tout simplement les presbytères pour loger les instituteurs et peut-être les salles de classe ;

-la nécessité d’une école à Moissat-Bas. Ce sera chose faite… 118 ans après ! ;

-le travail des enfants. Le texte est très clair sur le sujet. Les enfants aident leurs parents aux travaux des champs et de l’artisanat. Cela a perduré longtemps ;

-l’état lamentable des chemins et rues en périodes hivernales et humides. Les plus de 70 ans se rappellent ceci avant le goudronnage des rues.

Ce texte a le mérite d’exister. Mais la réalité est tout autre. Ce vœu est resté lettre morte pendant une quarantaine d’années.

 

  1. L’ECOLE DE FILLES DU COUVENT

 

L’histoire de cette école, réservée exclusivement aux filles, fait partie intégrante de la vie du couvent.

 

LA CREATION DU COUVENT EN 1815

Une délibération datée du 20 avril 1879 nous apprend que l’institution de la Miséricorde s’est créée à Billom le 9 octobre 1806 et a essaimé en 1815 à Moissat. Malheureusement les registres des délibérations de Moissat, entre 1806 et 1816, n’ont pas été conservés. Ils auraient pu nous donner des détails sur cette installation.

Une autre délibération datée du 31 mai 1908 fait un rappel de la « vente du couvent, par les consorts Pascal, le 14 janvier 1840 à la fabrique de Moissat-Haut ».

Il s’agit des descendants d’un des deux frères PASCAL, bourgeois propriétaires,

-soit Louis né le 21 décembre 1729, marié le 18 janvier 1766 avec Louise RICHARD, décédé le 30 septembre 1793. Au moins deux de ses enfants sont vivants à Moissat en 1840 : Jean décédé le 21 avril 1854 et Jeanne décédée le 12 février 1856 ;

-soit François né le 28 novembre 1735, marié en secondes noces le 18 janvier 1786 avec Louise VACHERON, décédé le 8 mai 1807. Il fut membre du premier conseil municipal de Moissat après la Révolution. Sa descendance ne vit pas à Moissat.

L’intervalle de temps entre 1815 et 1840 induit les questions suivantes :

-l’institution était-elle locataire avant de devenir propriétaire ?

-de quelle époque date la construction du bâtiment qu’on appelle encore couvent ?

 

LES SUPERIEURES DE LA COMMUNAUTE

D’après les recensements les Supérieures de la communauté sont :

-Marie ou Marie Louise VAURISSE sœur Augustine en 1836, 1841, 1851 et 1856 ;

-Marie BOISSIERE en 1846 ;

-Eugénie ROUDAIRE en 1861 ;

-Louise VAZEILLE en 1866 et 1972 ;

-Marie DESSAGNE en 1876, 1881, 1886, 1891, 1896 et 1901 ;

-Anne PLANCHAT en 1906 ;

-Annette TARAGNAT en 1911 ;

-Marie GUILLEMIN en 1926.

-Jeanne CHALARON en 1931.

 

LA VIE DE LA COMMUNAUTE

La première fonction de cette institution décrite le 26 janvier 1817 est de porter secours aux « vieillards, aux infirmes et à ceux hors d’état de travailler ». On relève de nombreux témoignages de ce rôle humanitaires au cours des années suivantes et ceci jusqu’à 1926.

Le début de la fonction éducative est flou. Deux délibérations accréditent que cette fonction est précoce. D’abord celle du 17 juin 1821 dit que l’église est trop petite pour la population actuelle (l’église actuelle de Moissat-Haut n’est alors pas encore construite) d’autant plus que « les dames de la miséricorde avec les nonnes et les pensionnaires sont au nombre de 40 ». Le nombre élevé de pensionnaires ne se conçoit qu’avec des élèves. Dans la deuxième du 30 juillet 1826 l’évêque demande une nouvelle autorisation de l’installation de l’établissement des dames de la miséricorde. Le conseil municipal se félicitant « du bien que font ces dames, tant aux pauvres que pour l’éducation, accepte ».

Aucun indice n’apparaît ensuite, jusqu’au 13 décembre 1853, la première délibération parlant explicitement du rôle éducatif de la communauté religieuse : « 34 filles sont admises à suivre les cours gratuitement de l’école communale des filles dirigée par Mme VAURIS, sœur Augustine ». La commune en assure le coût, ce qui montre son caractère social. On ne sait pas le nombre de filles de familles « aisées ». On apprend aussi que la rétribution scolaire pour ces dernières est de « 1F/ mois pour apprendre à lire, de 1F,50 pour écrire ». On faisait donc la distinction stricte entre « lire » et « écrire » à cette époque.

Le 7 octobre 1860 : L’école dirigée par sœur Anatolie ROUDAIRE accueille gratuitement 24 élèves de familles pauvres. Leurs noms sont donnés. Par respect de leur descendance on ne les cite pas.

Un an après le 11 octobre 1861, toujours sous la direction d’Anatolie ROUDAIRE (ce doit être Eugénie citée plus haut), elles sont 25 d’un âge compris entre 4 et 15 ans.

La délibération du 19 février 1882 nous apprend que le nombre de fille dépasse 70. Cela est confirmé par le recensement de 1881 : 71 filles ayant entre 5 et 15 ans.

 

En marge de la vie de la communauté celle-ci demande le 17 mars 1901 une « concession au cimetière pour les religieuses de la Miséricorde, sœurs hospitalières établies à Moissat-Haut depuis 80 ans ». Elle se trouve sur l’allée principale reliant les deux portes et près de la porte sud. A-t-elle été utilisée ? Il est permis d’en douter car aucun nom n’y est inscrit. La mention « depuis 80 ans » est approximative. Il faudrait dire 86 ans.

 

LA FIN DE L’ECOLE DE FILLES AU COUVENT

La délibération du 12 août 1906 nous apprend la fermeture imminente de l’école de filles des sœurs le 1er septembre 1906. C’est une conséquence de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat du 9 décembre 1905 qui fit grand bruit à l’époque.

 

LE DEVENIR DE LA COMMUNAUTE ET DES BATIMENTS DU COUVENT

Les recensements de 1911, 1926 et 1931 indiquent chaque fois la présence de seulement trois religieuses déclarées hospitalières ou infirmières. Leur rôle n’est plus qu’humanitaire. En 1936 la communauté n’existe plus.

Les locaux deviennent donc vacants. Une curieuse délibération datée du 10 avril 1945 dit que « l’autorité militaire a réquisitionné le couvent pour y installer des prisonniers russes. Il est nécessaire d’installer l’eau prise sur les canalisations de l’eau de Charliat. Mais le moteur de Charliat étant en panne, l’autorité militaire prend en charge sa réparation ». La Russie n’était pas en guerre contre la France. Il s’agit probablement de soldats ayant combattu, de gré ou de force avec l’Allemagne, ou des Russes « blancs » fuyant la Révolution de 1917. Leur renvoi dans leur pays les exposait à des condamnations plus ou moins lourdes. Mais sont-ils venus effectivement à Moissat ? Il semble que non.

D’après Huguette FLORET des prisonniers Allemands furent installés au couvent. Ils rendaient des services aux habitants en fonction de leurs compétences.

Le 15 juin 1946 « le couvent doit revenir à la commune. Mr le maire doit entrer en pourparlers avec Mme la Supérieure du couvent de Billom et faire toute démarche pour aboutir à un bon résultat ». Les tractations aboutissent rapidement puisque le 5 octobre 1946 « le couvent est attribué au Bureau de Bienfaisance qui le louerait à la mairie pour y installer ses bureaux ainsi que la poste. La mairie se chargerait des réparations nécessaires ». Deux ans après, le 11 juillet 1948 la décision d’installer la mairie au couvent est prise. « Elle comprendra vestibule ou salle d’attente, salle de délibération, secrétariat, salle des archives ». Cette installation est effective le 12 novembre 1949, date à laquelle on vote un crédit pour son inauguration. Et le 10 mai 1952 « comme la mairie, la poste est installée au couvent », ou tout au moins la décision s’est faite à cette date, la réalisation se concrétisant après.

Plus tard, mairie et poste ont quitté ce magnifique bâtiment, qui est donc redevenu vacant. Quand viendra la prochaine reconversion ?

 

  1. 1ère ECOLE DE GARCONS RUE DE BELLEVUE

Au recensement de 1836 on trouve la présence d’un instituteur, VERDIER Pierre 34 ans. D’après ce qui est écrit ci-dessous on peut penser qu’il enseignait dans une autre commune.

Il faut attendre le 10 novembre 1842, en pleine Monarchie de juillet, pour avoir du concret. Ce jour-là il est écrit : « La commune de Moissat se trouve privée de l’instruction primaire faute de pouvoir se procurer un local propre à cette utilisation, que néanmoins il est urgent et même nécessaire de ne pas laisser plus longtemps une commune aussi peuplée, au nombre de celles qui n’ont pas d’instituteurs. En conséquence il (le maire) vient de soumettre une demande qui lui est adressée par le sieur Gilbert GRIMAUD qui désire remplir ces fonctions ». En effet celui-ci « s’est procuré un local très convenablement situé sur l’allée de Bellevue et qui se compose d’un cuvage au rez-de-chaussée, une salle d’étude propre à recevoir 60 à 80 élèves, une cuisine, une chambre à coucher et un grenier ».

Le conseil est unanimement d’avis d’accepter le sieur Gilbert GRIMAUD, sauf « le sieur BLATEYRON qui le trouve un peu jeune ». Il n’a pas encore 19 ans.

Le conseil passe outre l’objection d’Antoine BLATEYRON et accepte la proposition de Gilbert GRIMAUD le 25 juin 1843.

L’enseignement est payant, mais des enfants de familles pauvres sont accueillis gratuitement, la commune prenant en charge le coût. Les noms sont donnés. Par égard à leurs descendants on ne les cite pas. Ainsi

-le 9 novembre 1851 : 2 enfants ;

-le 7 octobre 1860 : (école dirigée par Mr DELORME, Gilbert GRIMAUD s’étant retiré) : 12 enfants ;

-un an après, le 10 novembre 1861 : (école dirigée par Mr Antoine BRANDON) : ils sont à nouveau 12.

Malheureusement on ne parle jamais du nombre total d’élèves.

 

Les bonnes choses ont parfois leur revers. Ainsi le 23 octobre 1859 on se plaint de l’ « insuffisance et mauvais état du local où se trouve installée l’école communale. Il y a nécessité urgente de prendre des mesures pour l’établissement d’une maison d’école convenable, c’est-à-dire bâtir, ce qui est dans les vues du gouvernement disposé à accorder des secours assez larges aux communes, qui s’imposent des sacrifices pour construire des maisons d’école. L’interdiction du local actuel équivaudrait à la suppression de l’école ». Ce n’est pas encore les normes européennes ! Un an plus tard le premier jalon est posé pour le remplacement de cette école de garçons.

Néanmoins cette école de garçons perdure jusqu’à la construction de la nouvelle, décrite ci-dessous, vers 1881.

 

INSTITUTEURS (TRICES) DE CETTE ECOLE (liste non exhaustive)

-Gilbert GRIMAUD installation le 25 juin 1843, présent aux recensements de 1946 et 1851 ;

-Laurent DELORME en 1856 et 1861 ;

-Antoine BRANDON lui succède à la fin de l’année 1861 ;

-Jean Alphonse TERRASSE en 1866 ;

-Claude DUTOUR en 1872, 1876, 1881.

 

  1. LA MAIRIE-ECOLE RUE DU FORT

Le 4 novembre 1860, au cœur du Second Empire, est la première date où on fait allusion à un plan et devis pour un bâtiment abritant une nouvelle école et la mairie. L’idée avance puisque le 19 novembre 1865 on décide d’une imposition pour construire la maison d’école, décision prise avec les plus imposés de la commune. Le 18 février 1866 on fait le choix du lieu pour construire l’école. Les habitants de Moissat-Haut choisissent la place des Suquets, c’est-à-dire l’emplacement où subsiste le bâtiment, rue actuelle du Fort. Ceci est contesté par ceux de Moissat-Bas qui préfèrent la place dite, à l’heure actuelle, « du monument ». Le trajet de leurs enfants serait raccourci. Ils ne sont pas écoutés.

Le 24 mars 1868 le projet est adopté et dans la délibération du 21 juillet 1871 il est écrit : « la maison d’école est en construction ».

Le 11 février 1872 on décide de faire un emprunt pour la maison d’école et le 26 mai de la même année on approuve « un devis supplémentaire pour la mairie-école pour agrandir l’appartement de l’instituteur et loger la pompe à incendie ».

Mais la suite n’est pas un long fleuve tranquille. Les travaux sont suspendus une première fois à une date indéterminée car le 19 juillet 1874 « la partie déjà construite se dégrade de jour en jour ». Le 8 décembre suivant on décide de faire une nouvelle adjudication concernant la fin des travaux de la mairie-école. Elle se déroule le dimanche 7 février 1875. Une annonce parue dans le journal Le Moniteur nous l’apprend.

Mais le nouvel artisan retenu se révèle défaillant, comme nous l’apprend la délibération suivante du 8 juillet 1877 : « Mr le Maire rappelle que le Sr Jean Baptiste FAURE, menuisier, demeurant à Clermont-Ferrand est devenu l’adjudicataire des travaux d’achèvement de la mairie-école suivant procès-verbal en date du 7 février 1875. Aux termes du cahier des charges de cette adjudication les travaux devaient être achevés dans un délai de 8 mois à compter du jour de l’entreprise, c’est-à-dire le 15 octobre 1875. Ce délai est écoulé depuis longtemps et la construction n’est pas encore achevée. Les travaux ont été généralement mal faits et il importe à la commune de sortir de cette situation.

L’entrepreneur a, en plus, employé des matériaux de mauvaise qualité. Les eaux pluviales mouillent les murs dans tout le tour du bâtiment et les dégradent peu à peu. Sachant que l’entrepreneur est tombé en déconfiture et ne s’inquiète plus de ce qu’il advient dudit bâtiment, le conseil est d’avis à l’unanimité qu’il y a lieu de saisir au plus tôt le conseil de préfecture de cet état de chose afin qu’il statue sur ce qu’il y a lieu de faire, conformément aux dispositions de la loi du 28 pluviôse an 8 (17 février 1800) et à l’article 49 du cahier des charges de l’adjudication ».

Entre 1877 et 1881 le travail reprend, bien qu’aucun écho précis de la mairie ne nous renseigne. Heureusement la délibération du 7 août 1881 nous informe que « la construction de la mairie-école est entièrement purgée. Néanmoins, des aménagements complémentaires sont à réaliser :

-persiennes aux fenêtres

-rayonnages, chaises, tables, meuble à tiroir pour le plan cadastral

-gymnase à construire

-mur de soutènement ».

En 1881, au bout de 20 ans de travaux, l’école est donc opérationnelle. Elle peut répondre aux impératifs des lois de Jules FERRY instituant l’école publique gratuite et obligatoire, tout au moins pour les garçons (les filles sont accueillies depuis longtemps par les sœurs de la Miséricorde au couvent). La délibération du 19 février 1882 précise que « le nombre de garçons dépasse 70 en hiver » (71 garçons de 5 à 12 ans inclus, dans le recensement de 1881). Il serait nécessaire de créer un poste d’instituteur adjoint. Le commentaire « en hiver » confirme le travail des enfants, comme indiqué dans le premier paragraphe de ce texte.

Une anecdote survient le 13 novembre 1884 : « un certain nombre de pères de famille se plaignent que les petits enfants n’arrivent qu’avec difficultés à la salle d’école qui est en contre haut de 3 m environ. Ces enfants font de fréquentes chutes, surtout l’hiver lorsqu’il y a de la neige ou du verglas. Il y a même un qui s’est foulé le poignet l’hiver dernier », d’où la demande de construction du mur de soutènement. Ce mur et l’escalier d’accès à la cour furent donc construit dans les années suivantes.

La délibération du 10 février 1889 met un point final « des travaux à la maison d’école. Mr Charles VIANNE architecte demande à être payé ».

Cette école accueillera les garçons, puis deviendra plus tard mixte, ceci jusqu’à la construction de l’école actuelle, devenue opérationnelle en 1973.

 

INSTITUTEURS (TRICES) DE CETTE ECOLE (liste non exhaustive)

-Claude DUTOUR inaugure cette nouvelle école en 1881. Il est présent en 1886, 1891,1896, 1901 ;

-Germain FAUCHER instituteur adjoint en 1891, 1911, 1926 ;

-Jean Baptiste CHOMETTE instituteur adjoint en 1896 ;

-Berthine ANTIGEOLE en 1906, 1911 ;

-Germaine CAVARD en 1926 ;

-Rachel DUFAL en 1931 et 1936 ;

-Louise CEALIS en 1936, plus connue sous le prénom d’Honorine, elle devient plus tard Mme DALBIGNAT. A une date indéterminée elle est nommé à l’école de Moissat-Bas.

-Gabriel MONCHALIN en 1938 et 39.

 

  1. LES ECOLES LIBRES DE MOISSAT-HAUT

1- Probablement école libre installée dans le château qui eut une vie éphémère.

Au recensement de 1901 cette école est dirigée par Jean-Baptiste VOUTE. Il est secondé par 3 « aides », Victor GROS, Arsène Gilbert PETIT et Jean Julien BUTHOD.

La tradition orale rapporte que ces frères furent chassés de Moissat et émigrèrent au Canada.

2- Ecole libre installée chez BARDY

-Antoine COURDESSE en 1906, 1911, 1926 ;

-Anne DUCROUX Anne adjointe en 1906.

-Mlle CHAMBAS plus tard (d’après Huguette FLORET quand les cloches ont sonné elle a offert à ses élèves un bouquet de fleurs bleu blanc rouge)

-fermeture en 1946

 

  1. L’ECOLE LAIQUE DE FILLES

La 3ème République, fière de son caractère laïc, veut créer une école de filles de cette nature. Son représentant départemental, le Préfet, presse la commune de créer une telle école. Aux dates suivantes : 17 novembre 1878, 25 février 1879, 22 août 1900, 9 décembre 1900, le maire répond chaque fois que l’école de filles installée au couvent donne entière satisfaction à tout le monde. De plus les finances de la commune ne permettent pas une telle dépense. 

Cependant, après cette dernière date, 9 décembre 1900, l’idée fait son chemin puisque le 7 juillet 1901 on décide « la séparation en deux de la classe de garçons pour accueillir les filles, à la suite de la laïcisation de l’école de filles ». Peut-être pense-t-on que l’école du couvent est proche de sa fermeture (en réalité en 1906).

Mais cette séparation n’est que provisoire. Le maire et son conseil se creusent la tête pour trouver une solution.

1- Le 12 août 1906 3 plans sont envisagés :

- « Le 1er prévoit la construction à l’emplacement de l’ancienne mairie, mais l’architecte estime qu’il ne peut pas être accepté parce que la classe est profonde et qu’il est difficile d’y aménager les annexes indispensables ». Il s’agit du bâtiment, ancienne « Maison du Peuple, aujourd’hui démoli pour élargir la rue François-HUGUET, près du monuments-aux-morts » ;

- « Le 2ème porte sur le même emplacement en y ajoutant une maison voisine appartenant à Mr BARDY qui serait démolie » ;

- « Le 3ème consiste à édifier la maison d’école sur une partie de la place dite de l’ancienne mairie, mais ce projet a l’inconvénient de faire disparaître cette place ».

2- Dans la même délibération, en prévision de la fermeture de l’école libre à dater du 1er septembre prochain « il y a lieu de demander l’autorisation de faire la classe aux filles dans une des pièces de la maison NUGEYRE dont la commune est locataire et dont partie sert à loger l’institutrice ».

3- Le 26 août 1906 il est question de pourparlers entamés avec le propriétaire non identifié d’une maison dont l’acquisition serait nécessaire pour l’exécution du projet. Le prix demandé est manifestement exagéré.

4- Le même jour Mr François GENESTOUX dit « que la difficulté serait résolue si la commune avait des droits à faire valoir sur les bâtiments où les religieuses de Moissat tenaient leur école libre. Il lui est répondu que cet immeuble est la propriété de la fabrique et qu’il n’y a pas dans les archives municipales aucun document permettant de faire valoir à son encontre un droit quelconque ». Cette idée d’installer l’école de filles au couvent revient souvent dans les délibérations suivantes, mais cela ne se fera pas.

5- Une autre possibilité est envisagée le 14 juin 1908 : « Mr REIGNAT serait disposé, en cas de besoin, à céder une propriété comprenant grange et jardin située entre la route de Billom et la fontaine de chez Chatard ». Cette fontaine est bien celle qui est encore au bas de Moissat-Haut qu’on appelle aussi fontaine du mouni. Cette construction ne se fera pas non plus.

6- Le 16 août 1908 on envisage la possibilité de faire la classe de filles dans le local de la mairie.

7- Le 6 juin 1909 vient se greffer la question de la création d’une classe enfantine, ce qui ne simplifie pas le problème. Cela n’aboutira pas non plus.

Finalement les filles seront accueillies à l’école des garçons, d’abord en deux classes séparées, puis plus tard en classe unique, jusqu’en 1973.

 

  1. L’ECOLE MIXTE DE MOISSAT-BAS

Une délibération du conseil municipal de Moissat en date du 12 août 1906 nous éclaire sur la genèse de cette école. Profitant qu’il soit question de créer une nouvelle école de filles à Moissat-Haut les conseillers municipaux de Moissat-Bas demandent la construction d’une école mixte dans leur village. Il leur est répondu que pour le moment la commune a d’autres préoccupations.

Mais le projet fait son chemin pendant les deux années suivantes. Le 31 mai 1908 « il est émis l’idée de construire une école à Moissat-Bas de façon à donner satisfaction au vœu de cette section. Il est en effet désirable, surtout pour les enfants en bas âge, que l’instruction leur soit donné le plus près possible de la maison paternelle ». On se met alors en quête d’un terrain favorable. Deux semaines après, le 14 juin 1908 : « Le terrain qui semble le mieux s’approprier à la construction est en bordure de la route traversant Moissat-Bas et en face du chemin venant de Charliat. Sa situation, ses dimensions et son orientation paraissent remplir les conditions désirées. D’autre part les propriétaires seraient disposés à traiter amicalement ». Il s’agit du terrain orienté plein sud, en surplomb de la rue actuelle du Moustier, face à la rue des noyers. Mais l’affaire ne se fera pas, on ne sait pas pourquoi.

Cependant le projet se précise. D’abord le 7 février 1909 « Le Conseil Départemental de l’Enseignement primaire a autorisé en principe la création de l’école mixte de Moissat-Bas ». Ensuite le 6 juin 1909 on projette « d’installer l’école mixte dans un immeuble dépendant des successions des époux HUGUET-PINET décédés au cours de l’hiver et en cas d’affirmative de traiter avec les héritiers de ces derniers ».

Voici quelques précisions concernant le couple HUGUET-PINET : Jean HUGUET nait le 30 mars 1848, Marie PINET-LAGOUTTE, le 19 janvier 1855. Ils se marient à Moissat le 14 février 1873. Ils meurent à 6 jours d’intervalle, le mari le 4 janvier 1909 et la femme le 10 janvier suivant. Leur fille Jeanne HUGUET née le 25 avril 1874 se marie à Moissat le 10 novembre 1896 avec Pierre GONIN.

Il s’ensuit une promesse de vente en date du 11 juillet 1909. « Mme Jeanne HUGUET procédant avec l’assistance de M Pierre GONIN son mari, fabricant de coutellerie, avec lequel elle est domiciliée à St Rémy-sur-Durolle, a promis de vendre à la commune de Moissat et pendant un délai de 6 mois et moyennant le principal de 7500 F, un immeuble sis à Moissat-Bas comprenant maison d’habitation, bâtiment d’exploitation, aisances et jardin et dépendant des successions des père et mère de ladite Dame GONIN dont elle est la seule héritière ».

A la même date du 11 juillet 1909 le premier devis de la construction de l’école est jugé trop cher. En prenant en compte la récupération des tuiles et des bois provenant de la démolition des bâtiments cités ci-dessus on ramène ce devis à un montant accepté par le conseil municipal.

Quatre mois plus tard on suppose que cette démolition est faite. Le texte d’une autre délibération datée du 7 novembre 1909 dit : « On espère que la construction pourra se faire bientôt, bien qu’une protestation ait été adressée au ministère par un comité local ». Quoi qu’on fasse il y a toujours des oppositions. Aucune précision n’est apportée concernant cette protestation.

L’année 1911 voit enfin le début des travaux de construction de l’école. Le 4 juin 1911 on fait un « emprunt prévisionnel de 1200 f pour la maison d’école de Moissat-Bas » et on crée « un emploi d’institutrice à l’école mixte » du même lieu. Le 22 octobre 1911 « Le conseil approuve la proposition de Mr le maire tendant à verser un acompte de 3000 F à l’entreprise de l’école mixte, car les travaux sont presque exécutés dans de bonnes conditions. » La construction se poursuit au moins jusqu’au 17 novembre 1912 où il est mentionné des « travaux à l’école de Moissat-Bas ».

Enfin trois ans plus tard, le 12 décembre 1915 « M Montbesson demande le paiement du solde de sa facture concernant l’école de Moissat-Bas ».

Cette école accueillera les enfants du village jusqu’en 1973, date à laquelle l’école actuelle, qui réunit toute la commune, ouvre ses portes.

 

INSTITUTRICES DE CETTE ECOLE (liste non exhaustive) :

-Louise TRINCARD ou TRINCAL épouse BESSEDE en 1926, 1931 ;

-Thérèse FRANC épouse DOUMAUX en 1936 ;

-Mme FREGNAL plus tard ;

-Mme DALBIGNAT ensuite, etc

-Michelle GAINETON lui succède jusqu’à l’ouverture de l’école actuelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


05/07/2023
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Personnages marquants de Moissat

GILBERT ET ALEXANDRE GRIMAUD PERE ET FILS

 

Gilbert GRIMAUD et son fils Alexandre ont marqué entre 1842 et 1949 l’histoire de Moissat. Voici ce que les actes d’Etat civil de Moissat, les recensements et les délibérations du conseil municipal de cette commune nous apprennent sur leur vie.

 

1-LES DATES PRINCIPALES DE LA VIE PRIVEE DE GILBERT GRIMAUD

Gilbert GRIMAUD nait le 27 décembre 1823 à St Genès-du-Retz, près d’Aigueperse au nord du département du Puy-de-Dôme, fils d’autre Gilbert GRIMAUD et de Marie COMBANNAIRE. Dans l’acte de naissance le père est déclaré propriétaire. Il sait signer, d’ailleurs avec une signature très alerte qui révèle un bon niveau d’instruction.

Les raisons et péripéties de sa venue à Moissat en 1842 ne sont pas connues. Le 9 janvier 1849 il se marie à Moissat avec Marie CODEIGNAT une moissadaire de 24 ans, fille de Benoît CODEIGNAT et de Marie NUGEYRE.

Le 19 janvier 1850 Marie CODEIGNAT met au monde le premier enfant du couple prénommé Gabrielle. Le 26 juin 1852 nait Alexandre leur deuxième enfant. Le 19 janvier 1857, soit le jour du 7ème anniversaire de Gabrielle, ils ont malheureusement un garçon mort-né.

Au recensement de 1872 Gilbert GRIMAUD, 48 ans, vit avec sa femme et son fils Alexandre qui a 20 ans. L’ainée Gabrielle, âgée de 22 ans, a quitté le domicile familial. Au recensement suivant de 1876 Alexandre est parti à son tour. Les parents ne sont plus que tous les deux.

Le 12 juin 1890 un événement grave survient dans la vie de Gilbert GRIMAUD : le décès de sa femme Marie CODEIGNAT à l’âge de 66 ans. Il meurt lui-même le 25 novembre 1907 à Moissat-Haut, à l’âge de 84 ans.

 

2- GILBERT GRIMAUD ET SES DIFFERENTS ETATS

La première délibération du conseil municipal le citant est datée du 10 novembre 1842 dans laquelle il est écrit textuellement : « Monsieur le président ( le maire) a exposé que la commune de Moissat se trouvait privée de l’instruction primaire, faute de pouvoir se procurer un local propre à cette utilisation, que néanmoins il était urgent et même nécessaire de ne pas laisser plus longtemps une commune aussi peuplée (elle a environ 1800 habitants) au nombre de celles qui n’ont pas d’instituteur, qu’en conséquence il venait de soumettre une demande qui lui était adressée par le sieur GRIMAUD Gilbert qui désire remplir ces fonctions à Moissat, attendu que cet instituteur s’était procuré un local très convenablement situé sur l’allée de Bellevue et qui se compose d’un cuvage au rez-de-chaussée, une salle d’étude propre à recevoir 60 à 80 élèves, une cuisine, une chambre à coucher et un grenier ». Le conseil accepte, bien que l’un des membres « le sieur BLATEYRON le trouve un peu jeune ». En effet il n’a pas encore 19 ans. L’installation officielle est datée du 25 juin 1843. On remarque ici que la nomination de l’instituteur ne dépend que de la mairie. Elle ne semble pas découler d’une instance nationale comme aujourd’hui.

Au recensement de 1846, puis lors de son mariage en 1849 et lorsque ses deux premiers enfants naissent en 1850 et 1852 il est déclaré instituteur. Par contre en 1857 quand survient son bébé mort-né il est déclaré propriétaire. C’est donc qu’il a abandonné le métier d’instituteur avant l’âge de 34 ans.

Au recensement de 1861, alors qu’il a 38 ans, il est géomètre.

Au recensement de 1866, à 42 ans, il est notaire et le restera au moins jusqu’à 1891. En 1886 Gilbert GRIMAUD a 63 ans. Il prépare sa succession puisque son neveu Pierre François Joseph LAVADOUX, 21 ans, qui est son clerc de notaire, vit apparemment avec le couple.

Au recensement de 1896, à 73 ans, Gilbert GRIMAUD est déclaré notaire honoraire. Il a donc cédé son étude à son neveu Joseph LAVADOUX qui a désormais le titre de notaire. Au recensement de 1901 Gilbert GRIMAUD qui a 77 ans est déclaré rentier et en 1906, alors qu’il a 83 ans, propriétaire. Il meurt l’année suivante, comme il est écrit au paragraphe ci-dessus.

 

3- GILBERT GRIMAUD MAIRE DE MOISSAT

Le 1er octobre 1865 il est nommé par le pouvoir en place (Le 2nd Empire) maire de Moissat. Il assume cette charge jusqu’au 25 octobre 1870, date à laquelle un représentant du pouvoir nomme Achille de LAVAL à sa place.

Le 14 mai 1871 Gilbert GRIMAUD redevient maire. Cette fois-ci, après l’avènement de la 3ème République, il est élu par les conseillers, eux-mêmes élus par les Moissadaires les plus riches. Son mandat court jusqu’en fin 1877. Le 25 janvier 1878 Achille de LAVAL lui ravit à nouveau le titre de maire. L’élection est serrée : 6 voix pour de LAVAL contre 5 à Gilbert GRIMAUD.

Le 30 janvier 1881 Gilbert GRIMAUD est de nouveau élu maire. Il le reste jusqu’à sa mort le 25 novembre 1907, après une agonie d’environs un an. C’est son adjoint, Joseph BOST qui signe les actes d’Etat civil à partir d’octobre 1906 « en l’absence du maire ». Cette fois il exerce près de 27 ans d’affilé. Avec les deux précédentes périodes il totalise 37 années à la tête de la commune de Moissat, ce qui est remarquable. Aucun autre maire n’a exercé aussi longtemps, avant et après lui.

Pendant ces 3 périodes Gilbert GRIMAUD et son conseil municipal ont émis l’idée de construire la mairie-école et, malgré quelques vicissitudes, ont assuré sa réalisation. C’est aussi pendant cette période qu’on a acheté la première pompe à incendie en prélude à la création de la compagnie des sapeurs-pompiers.

A partir de 1892 le conseil municipal mené par Gilbert GRIMAUD a fait les démarches nécessaires pour installer la poste. La concrétisation s’est faite en 1901. D’autres projets ont vu le jour également sous l’autorité du même maire :

- la construction de la halte de Seychalles-Moissat avec son quai d’embarquement,

- des travaux pour améliorer de débit de la fontaine de Moissat-Haut dite « du mougni » ou « de chez Chatard » avec adjonction d’un lavoir,

- le classement comme Monument Historique de la châsse de Moissat-Bas en 1896,

- les premières démarches pour faire monter l’eau de Charliat à Moissat-Haut,

- l’idée de construire le pont de la Planche, etc.

 

4- LEGS D’ALEXANDRE GRIMAUD A LA COMMUNE DE MOISSAT

 

Nous avons vu que Gilbert GRIMAUD meurt le le 25 novembre 1907 alors qu’il est maire de la commune. Son fils Alexandre lui succède à la suite des élections du 17 mai 1908. Malheureusement il ne reste guère plus de deux ans en poste puisqu’il meurt le 3 octobre 1910 à Clermont à l’âge de 58 ans. C’est un mandat bien trop court pour marquer l’histoire de Moissat. Cependant Alexandre GRIMAUD reste dans la mémoire de la commune par son testament dans lequel il fait un legs important à Moissat. Les délibérations suivantes sont très explicites.

Le 10 mars 1935 le maire fait part « d’une lettre de Mme GRIMAUD qui demande à s’acquitter de la donation faite par son mari à la commune de Moissat de la somme de 30 000f par cession de la maison et jardin d’agrément qu’elle possède à Moissat-Haut avec paiement en numéraire de la différence entre la valeur estimative dudit immeuble et la somme de 30 000f ».

« Le maire demande au conseil son appréciation à ce sujet et les considérations qui militent pour ou contre cette proposition. Le conseil, considérant que la commune est plutôt encombrée de bâtiments, et que celui qu’on lui propose ne pourrait être affecté à aucun service, que les réparations constitueraient une charge nouvelle, remercie Mme GRIMAUD de son offre, mais ne peut l’accepter ».

La réponse du maire est polie et ferme. L’affaire aurait pu se terminer là. On n’a plus de nouveaux éléments pendant près de 13 années. Elle ressurgit en 1948.

Le 11 janvier 1948 le maire, s’étant ravisé, expose « qu’en vertu de l’extrait du testament de Mr Alexandre GRIMAUD, ancien maire de Moissat, décédé à Clermont-Ferrand le 10 octobre 1910 (en réalité le 3 octobre), donne et lègue à la commune de Moissat la somme de 30 000f quitte de tout frais et droits de mutations après le décès de sa femme (née Marie Louise CHAUTIN) à Bandol le 22 février 1943. Ce legs sera payable aussitôt après l’accomplissement des formalités qui entrainera son allégation, avec intérêt à 4% du jour de son décès. Le testament est déposé à l’étude de Me SOLIGNAT notaire à Clermont-Fd. L’héritière de Mme GRIMAUD est Mme COZE (sa fille) villa des mouettes à Bandol (Var) ».

Le 22 février 1948 à la suite d’une lettre de Mr COZE, le conseil donne un délai pour lui permettre de se libérer du legs envisagé.

Le 29 mai 1948, une nouvelle délibération nous apprend que Mr COZE, dans sa lettre du 17 février 1948, « s’engage à payer capital et intérêts dans le courant de l’année et ajoute que les intérêts courront jusqu’au jour du règlement ». Et Il précise : « Nous nous ferons un devoir d’accomplir ce legs le plus rapidement possible ».

Le 28 août 1949 : la mairie reçoit un chèque de 76 700f (capital 30 000f plus intérêts de 4% pendant 38 ans et 11 mois, soit 46 700f). Les intérêts dépassent largement le capital !

Le maire décide qu’« une gerbe de fleurs sera déposée sur la tombe de Mr GRIMAUD. Et qu’« une lettre de remerciement sera adressée, au nom du conseil à Mme et Mr COZE à Bandol ».

Le 22 décembre 1949 « le produit du legs sera utilisé en 1950 pour les réparations urgentes à l’école mixte de Moissat-Bas (plancher et badigeonnage de la classe) ». Initialement il devait servir pour l’adduction d’eau, à partir de 1951, mais le texte est barré. On a trouvé un besoin plus immédiat d’utiliser cet argent.

 

Gilbert et Alexandre GRIMAUD ont donc marqué fortement l’histoire de Moissat.

M J

 


12/04/2019
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Le Ban Des Vendanges à Moissat

LE BAN DES VENDANGE A  MOISSAT

   

 

   

INTRODUCTION

    

« L’assemblée arrête que la présente mise des bans des vendanges sera sur le champ publiée au son du tambour par les gardes et copie des présentes par eux affichées pour que personne n’en ignore »   (délibération du 11 vendémiaire an 5, 2 octobre 1796).

   

Le ban des vendanges est la date avant laquelle les vignerons ont interdiction de vendanger. Chaque année cette date  est déterminée par l’autorité (le Seigneur autrefois, le conseil municipal à partir de la Révolution) suivant l’avancement de la maturité des raisins résultant des  conditions de température et d’hygrométrie de l’année en cours.

   

C’est une disposition d’Ancien Régime que la Révolution n’a pas abolie.

   

A Moissat des registres de délibérations du conseil  municipal nous donnent ces dates. De l’an 4 (1795) à 1866 seulement 35 années sont répertoriées sur 72 possibles, soit que certains registres nous sont pas parvenus, soit que sur ceux qui sont présents à la mairie, la date de ces bans n’a pas été écrite.

   

En général les bans des vendanges s’étalent sur 6 jours :

   

-1er  jour : Courcour, (la Védrinas) ;

   

            -2ème       jour : Courcour (le Ronzilloux) ;

   

            -3ème       jour : le tour de Moissat-Haut ;

   

            -4ème       jour : les Pirouses, le Coudiole ;

   

            -5ème       jour : le Graveyrou et les Chabannes ;

   

            -6ème       jour : les Vignots (Grands et Petits)

   

Le premier jour était le plus souvent un lundi  et donc les  autres jours se succédaient jusqu’au samedi. Si le premier jour n’était pas un lundi, le dimanche suivant n’était pas cité, le repos de ce jour-là, sous la pression de la religion, étant observé. Certaines années, les bans se distribuaient sur quatre ou cinq jours et les terroirs pouvaient être intervertis par rapport à l’ordre cité ci-dessus en fonction de leur avancement de maturité.

   

 

   

CONTESTATION DU BAN DES VENDANGES

      

La date de début du ban, fixée par le conseil  municipal pouvait être contestée. Ainsi en 1819, par décision prise le samedi 2 octobre,       cette date est prévue le mardi 5 suivant.

   

Mr BESSE, pourtant membre de l’assemblée qui prend la décision « a déclaré ne vouloir signer la délibération, attendu qu’il voulait   commencer le lundi 4 ». François BLATEYRON a dit qu’il  pensait ainsi que Mr BESSE. La contestation s’appliquait seulement sur un jour. Cela peut nous paraître mesquin pour nous au XXIème siècle.

   

D’autres fois la date était contestée à cause des conditions climatiques. Par exemple en 1852 le ban est fixé dans un premier temps au 18 octobre, mais le 13 octobre les nombreux propriétaires craignant que le froid nuise aux raisins, demandent que le ban soit avancé au lendemain jeudi 14, ce qui est fait.

   

Le beau temps pouvait provoquer aussi une hâte. Ainsi en 1865 le dimanche 10 sept,« par suite de la précocité  et des chaleurs extraordinaires, ouverture à demain ».

      

CONTRAVENTION AU BAN DES VENDANGES

     

Une « violation » du ban est relevée en l’an 4 de la République (1795). Elle mérite d’être racontée. La réunion du 6 vendémiaire de cet an 4 (28 septembre 1795) décide que le ban est fixé au mardi 14 (6 octobre 1795) pour le terroir du Coudiol. L’assemblée se réunie à nouveau ce jour, 14 vendémiaire. Dans sa délibération il est écrit qu’« un membre a dit qu’Antoine BELISME Buvandon, officier municipal (on dirait conseiller municipal aujourd’hui), a contrevenu au ban des vendanges de cette commune, attendu qu’il a vendangé hier sa vigne au pan du Coudiol qui ne devait l’être qu’aujourd’hui ». Il est promis des sanctions contre ledit  Antoine BELUSME sans en préciser la nature.

   

Là aussi le litige ne porte que sur un seul jour. Antoine avait-il un calendrier sous les yeux ? Il n’empêche que l’année suivante le 11 vendémiaire an 5 (2 octobre 1796) il est édicté un règlement : « le fait de contrevenir au ban des vendanges doit être puni d’une peine d’une valeur de trois journées de travail »,  et on « nomme deux commissaires pour constater les contraventions qui seraient faites ».   

   

LES BONNES ET MAUVAISES ANNEES  

    

Ces dates du ban des vendanges servent aux historiens à connaître le temps qu’il faisait durant chaque année. Une date précoce est la marque d’une année chaude et d’une récolte de très bonne qualité comme 1858 (20 septembre) et surtout 1865 (11 septembre) et 1822 (10 septembre). A l’inverse une date tardive indique une année froide et pluvieuse avec une maturité insuffisante, donc donnant un vin de mauvaise qualité. Par ordre croissant on a 1817 et 1852 (18 octobre), 1821 (22 octobre), 1845 et 1851 (23  octobre). La pire de toute est 1853 (2 novembre) qui a certainement enfanté un remarquable  « tort boyau ». Les années moyennes s’échelonnent du 28 septembre au 17 octobre, avec une prédilection pour le 5 octobre. On a en effet 8 années à cette date.

   

 

   

LA FIN DU BAN DES VENDANGES

      

La dernière année citée est 1866 et le 8 octobre. En 1867 la date n’est pas donnée. Par contre en 1868, il est précisé qu’« on laisse libres les propriétaires de vendanger quand ils veulent ». Ceci est réitéré en 1871. En 1872 le commentaire est encore plus explicite  : « Le conseil décide qu’il n’y a plus lieu de décider du ban des vendanges ». C’est la fin de cette disposition. Plus jamais on en parle par la suite.

   

L’avènement de la 3ème République en 1871 est étranger à l’abandon du ban des vendange puisqu‘il apparaît en 1868, donc encore sous le 2nd Empire.

      

CONCLUSION 

    

Dans certains vignobles réputés le ban des vendanges perdure encore à l’heure actuelle. S’il semble avoir perdu sa rigueur il sert de prétexte à fêter la nouvelle récolte de l’année.

   

 

   

                                                                                                               Maurice Jaffeux


17/10/2018
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Une gare à Moissat sur un nœud ferroviaire

Dans la deuxième moitié du XIXème siècle le chemin de fer tisse sa toile sur la France. Vers 1860 il est question de relier Clermont-Fd à St Etienne par Thiers, Montbrison, etc. La déclaration d’utilité publique date de juin 1861.

La première délibération du conseil municipal de Moissat concernant la construction de cette voie ferrée est datée du 14 mai 1861. L’avant projet « intéresse au plus haut point la commune de Moissat, car d’après le premier tracé fait par Mr l’ingénieur Michaux, il traverse son territoire de l’est à l’ouest et une gare destinée surtout à relier à cette voie ferrée les villes de Billom et de Lezoux doit être établie à l’intersection de la route départementale n°12 », c’est-à-dire la route de Lezoux.

C’est une découverte. D’autres délibérations donnent des détails sur le tracé. La gare serait construite à environ un Km du bourg, donc au nord de Moissat-Bas, vraissemblable-ment entre le chemin des Pourettes (actuellement rue de la Colombière) et le chemin menant directement à Goëlle à partir de la route de Lezoux. La ligne aurait frôlé au nord-est ce même village de Moissat-Bas et pris la direction de Pontaret, pour contourner par le sud la butte de Ravel.

Mais la ville de Lezoux « ne se trouvant pas satisfaite des avantages que lui faisait ce tracé, a demandé et obtenu que de nouvelles études fussent faites ayant pour but de rapprocher le chemin de fer le plus possible de cette ville ». Voilà pourquoi la ligne passe au nord de la butte de Ravel, et que Billom fut rattachée plus tard à la ligne principale, à partir de la gare de Chignat-Vertaizon.

Cette dernière gare est considérée comme trop éloignée de Moissat par les responsables de cette commune. Le 28 mars 1864 et le 18 février 1866 ils demandent la création d’une halte près de Châteauneuf, au lieu-dit Sous Courcourt, qui pourrait accueillir les cultures maraîchères de Seychalles et les produits agricoles de Moissat : « la culture de la vigne prend chaque jour une nouvelle extension ». Le phylloxéra est déjà dans le midi et pas encore arrivé en Auvergne. La viticulture auvergnate connaît alors une période faste. Le texte de ce jour insiste aussi sur la production de « chaux qui a les mêmes débouchés que les produits de la culture ». A cette période on a au moins trois chaufourniers ou « chauniers » à Moissat : Avantin CHALARD, Antoine TARANIAT et Antoine VIGERAL.

Alors que que les travaux de construction de la ligne de Clermont à Pont-de-Dore sont terminés depuis le mois de mais 1869 les conseillers ne désarment pas. Le 15 novembre 1876 ils redemandent la construction de la halte au lieu-dit Sous Courcourt. Mais le 18 mai 1884 ce n’est pas accepté. Or, à cette période, on construit le chemin vicinal Maringue-Billom, passant par Culhat , Lempty, Seychalles, Moissat, etc, c’est-à-dire le tracé de la route actuelle passant par ces localités. Le conseil de Moissat en profite pour proposer l’établissement de la halte au croisement de ce chemin avec la voie ferrée, près du bourg de Seychalles. Il faudra encore deux nouvelles demandes datées du 15 février et du 12 juillet 1891 pour que son vœu soit, cette fois-ci, exaucé. Pour enfoncer le clou, à cette dernière date, on donne un prévisionnel annuel moyen des quantités de marchandises à embarquer :

« 1- betteraves sucrières 100 tonnes

2- pommes de terre 100 tonnes

3- ails 20 tonnes

4- autres produits maraîchers 10 tonnes

5- graines diverses pour le commerce 10 tonnes

6- fruits divers 20 tonnes

7- foins 20 tonnes

8- paille 30 tonnes

9- vin 1000 hectolitres

10- graines de toutes espèces 15 tonnes ».

Il n’est plus question de chaux. Cependant Jean CHALARD en produit bien au lieu-dit « Chez 18 », mais sa clientèle doit certainement rester locale.

La halte est bien construite dans les années suivantes puisque le 18 juin 1899 le maire demande que le nom de Moissat soit accolé à celui de Seychalles pour la désigner. Pour une fois la démarche ne s’égare pas dans les bureaux. En effet, le 18 novembre 1900 la réponse, positive, de Mr le Ministre des travaux publics est claire. Il « vient d’ordonner que le nom de Moissat soit ajouté à celui de Seychalles partout où besoin sera, soit sur le bâtiment de la halte, soit sur les livres et indicateurs de la compagnie PLM ».

A peine 6 mois après la demande ci dessus du 18 juin 1899, c’est-à-dire le 10 décembre 1899 le conseil « est d’avis, à l’unanimité, de se joindre aux conseils des communes de Seychalles et autres de la région avoisinante pour solliciter la construction d’un quai d’embarquement à la halte, pour l’expédition et la réception des marchandises ». On passe donc à la concrétisation de ce qui était prévu ci-dessus. Mais l’intention ne provoque pas l’action. Le 16 août 1908 il est toujours question de construire ce quai d’embarquement. Le maire profite de l’occasion pour proposer la transformation de la halte en gare. Les délibérations suivantes ne donnent pas de détails sur l’avancée des travaux. On sait seulement que Seychalles a payé les deux tiers du coût et Moissat un tiers et que le 18 août 1912 le conseil nomme 4 de ses membres pour organiser le banquet à l’occasion de l’inauguration de la gare de Seychalles-Moissat. Les travaux se sont donc terminés à cette époque.

 

Autre temps, autres mœurs. Actuellement, de la gare il ne reste rien, le bâtiment fut emporté par le soi-disant modernisme. Si, il subsiste un nom de lieu, et nos souvenirs…

 

MJ

 


06/04/2017
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