Nature et Patrimoine de Moissat

Une gare à Moissat sur un nœud ferroviaire

Dans la deuxième moitié du XIXème siècle le chemin de fer tisse sa toile sur la France. Vers 1860 il est question de relier Clermont-Fd à St Etienne par Thiers, Montbrison, etc. La déclaration d’utilité publique date de juin 1861.

La première délibération du conseil municipal de Moissat concernant la construction de cette voie ferrée est datée du 14 mai 1861. L’avant projet « intéresse au plus haut point la commune de Moissat, car d’après le premier tracé fait par Mr l’ingénieur Michaux, il traverse son territoire de l’est à l’ouest et une gare destinée surtout à relier à cette voie ferrée les villes de Billom et de Lezoux doit être établie à l’intersection de la route départementale n°12 », c’est-à-dire la route de Lezoux.

C’est une découverte. D’autres délibérations donnent des détails sur le tracé. La gare serait construite à environ un Km du bourg, donc au nord de Moissat-Bas, vraissemblable-ment entre le chemin des Pourettes (actuellement rue de la Colombière) et le chemin menant directement à Goëlle à partir de la route de Lezoux. La ligne aurait frôlé au nord-est ce même village de Moissat-Bas et pris la direction de Pontaret, pour contourner par le sud la butte de Ravel.

Mais la ville de Lezoux « ne se trouvant pas satisfaite des avantages que lui faisait ce tracé, a demandé et obtenu que de nouvelles études fussent faites ayant pour but de rapprocher le chemin de fer le plus possible de cette ville ». Voilà pourquoi la ligne passe au nord de la butte de Ravel, et que Billom fut rattachée plus tard à la ligne principale, à partir de la gare de Chignat-Vertaizon.

Cette dernière gare est considérée comme trop éloignée de Moissat par les responsables de cette commune. Le 28 mars 1864 et le 18 février 1866 ils demandent la création d’une halte près de Châteauneuf, au lieu-dit Sous Courcourt, qui pourrait accueillir les cultures maraîchères de Seychalles et les produits agricoles de Moissat : « la culture de la vigne prend chaque jour une nouvelle extension ». Le phylloxéra est déjà dans le midi et pas encore arrivé en Auvergne. La viticulture auvergnate connaît alors une période faste. Le texte de ce jour insiste aussi sur la production de « chaux qui a les mêmes débouchés que les produits de la culture ». A cette période on a au moins trois chaufourniers ou « chauniers » à Moissat : Avantin CHALARD, Antoine TARANIAT et Antoine VIGERAL.

Alors que que les travaux de construction de la ligne de Clermont à Pont-de-Dore sont terminés depuis le mois de mais 1869 les conseillers ne désarment pas. Le 15 novembre 1876 ils redemandent la construction de la halte au lieu-dit Sous Courcourt. Mais le 18 mai 1884 ce n’est pas accepté. Or, à cette période, on construit le chemin vicinal Maringue-Billom, passant par Culhat , Lempty, Seychalles, Moissat, etc, c’est-à-dire le tracé de la route actuelle passant par ces localités. Le conseil de Moissat en profite pour proposer l’établissement de la halte au croisement de ce chemin avec la voie ferrée, près du bourg de Seychalles. Il faudra encore deux nouvelles demandes datées du 15 février et du 12 juillet 1891 pour que son vœu soit, cette fois-ci, exaucé. Pour enfoncer le clou, à cette dernière date, on donne un prévisionnel annuel moyen des quantités de marchandises à embarquer :

« 1- betteraves sucrières 100 tonnes

2- pommes de terre 100 tonnes

3- ails 20 tonnes

4- autres produits maraîchers 10 tonnes

5- graines diverses pour le commerce 10 tonnes

6- fruits divers 20 tonnes

7- foins 20 tonnes

8- paille 30 tonnes

9- vin 1000 hectolitres

10- graines de toutes espèces 15 tonnes ».

Il n’est plus question de chaux. Cependant Jean CHALARD en produit bien au lieu-dit « Chez 18 », mais sa clientèle doit certainement rester locale.

La halte est bien construite dans les années suivantes puisque le 18 juin 1899 le maire demande que le nom de Moissat soit accolé à celui de Seychalles pour la désigner. Pour une fois la démarche ne s’égare pas dans les bureaux. En effet, le 18 novembre 1900 la réponse, positive, de Mr le Ministre des travaux publics est claire. Il « vient d’ordonner que le nom de Moissat soit ajouté à celui de Seychalles partout où besoin sera, soit sur le bâtiment de la halte, soit sur les livres et indicateurs de la compagnie PLM ».

A peine 6 mois après la demande ci dessus du 18 juin 1899, c’est-à-dire le 10 décembre 1899 le conseil « est d’avis, à l’unanimité, de se joindre aux conseils des communes de Seychalles et autres de la région avoisinante pour solliciter la construction d’un quai d’embarquement à la halte, pour l’expédition et la réception des marchandises ». On passe donc à la concrétisation de ce qui était prévu ci-dessus. Mais l’intention ne provoque pas l’action. Le 16 août 1908 il est toujours question de construire ce quai d’embarquement. Le maire profite de l’occasion pour proposer la transformation de la halte en gare. Les délibérations suivantes ne donnent pas de détails sur l’avancée des travaux. On sait seulement que Seychalles a payé les deux tiers du coût et Moissat un tiers et que le 18 août 1912 le conseil nomme 4 de ses membres pour organiser le banquet à l’occasion de l’inauguration de la gare de Seychalles-Moissat. Les travaux se sont donc terminés à cette époque.

 

Autre temps, autres mœurs. Actuellement, de la gare il ne reste rien, le bâtiment fut emporté par le soi-disant modernisme. Si, il subsiste un nom de lieu, et nos souvenirs…

 

MJ

 



06/04/2017
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