Nature et Patrimoine de Moissat

L'époque révolutionnaire

 

 EPOQUE REVOLUTIONNAIRE

 

Les embarras financiers de la Monarchie devaient causer sa chute.

Les impôts sans cesse croissant frappaient surtout, comme il a été dit, les classes laborieuses de la nation tandis que trop de privilégiés en étaient exempts. Tel fut le sujet principal du mécontentement et de l’inquiétude qui amenèrent la grande révolution.

Il faut dire que cette situation fâcheuse ne s’améliora guère avec le nouveau régime lequel, victime de son esprit démagogique, se montra impuissant à réprimer le désordre et fut bientôt acculé à l’inévitable banqueroute.

Toutefois, des changements profonds furent apportés à l’administration du pays. Ainsi, au début de l’année 1790, à Moissat comme dans toutes les communes de France, fut appliquée la nouvelle constitution des municipalités, en vertu d’une loi promulguée en décembre 1789 et dont voici les principaux articles :

Art. 4 — Le chef de la municipalité prend le nom de maire

Art. 25 — Les membres du corps municipal, y compris le maire, sont au nombre de 3 au-dessous de 500 âmes, de 6 de 500 à 3000, de 9 de 3000 à 10 000, etc…

Art. 26 — Dans chaque municipalité, il y aura un Procureur de la commune sans voie délibérative. Il sera chargé de défendre les intérêts et de poursuivre les affaires de la commune.

Art. 30 — Les citoyens actifs de chaque communauté nommerons par un seul scrutin de liste un corps de notables double de celui des membres du corps municipal.

Art. 31 — Les notables formerons avec le corps municipal le Conseil général et ne seront appelés que pour les affaires importantes.

Art. 38 — Le Conseil municipal s’assemblera au moins une fois par mois.

Art 42 — Officiers municipaux et notables seront renouvelables par moitié chaque année.

Art 44 — Le maire, élu pour deux ans est rééligible pour deux autres années seulement.

L’élection de la municipalité de Moissat fut fixée au 7 février 1790.

D’après la loi de décembre 1789, sur la constitution des municipalités, seuls avaient droit de vote les citoyens dits actifs. Ceux-ci devaient remplir les conditions suivantes :

Etre Français ou devenu Français

Etre majeur de 25 ans accomplis

Etre domicilié de fait dans le canton au moins depuis un an

Payer une contribution directe de la valeur locale de trois journées de travail

N’être point dans l’état de domesticité, c’est à dire serviteur à gages.

Voici la liste des citoyens actifs de Moissat qui fût arrêtée le 7 février à l’issue de la messe matutinale « dite et célébrée en ce lieu du Haut-Moissat » .

MM. Huguet, Costilhe, Etienne Nugeyre, Jean Nugeyre, Jacques Denis, Jean Blateyron, M. Pascal, Antoine Reignat, Jean Blateyron Bartilloux, Pierre Bordel, Etienne Place, Etienne Baget, Pierre Reignat Rigoutont, Ligier Genestoux, Jean Baget, Etienne Chalard, François Chalard Laquette, Jean Reignat Rigouttout, Jacques Blateyron Maranne, Antoine Mouly, Taurin Aspert, Alexandre Nugeyre, Mathieu Baget, Mathieu Madéore, François Bélisme, Antoine Delorme, Benoit Gauthier, Jean Demonne, Jean Jury, Jean Ryberolle, Sébastien Huguet, Benoit Pinel ou Pinet, François Nugeyre, Benoit Bélisme, François Nugeyre, Benoit Madéore, Jean Cohérier, André Huguet, Jean Genestoux, André Pyleyre, Jean Chalard, Jean Huguet, Joseph Delorme, Claude Madéore, Annet Parrot, Jean Madéore, Joseph Moretton, Joseph Denis, Benoit Codeignat Gary, Jacques Pinel ou Pinet, Michel Creuy (?), Antoine Madéore, Thomas Guérin, Jacques Aspert, François Baget, Gilbert Madéore, Grégoire Bort, Jean Coutarel, Guillaume Aspert, André Codeignat, Benoit Gauthier, Jean Bélisme, Jean Jacquet, Mathieu Lageyre, Joseph Creuy (?).

Tous laboureurs, habitant les lieux du Haut et Bas-Moissat, Les Charles, Pironin, La Martre.

Le scrutin du 7 février 1790 pour l’élection du Corps municipal de saint Pierre de Moissat ainsi que des notables appelés, avec lui, à former le Conseil général de la commune, donna les résultats suivants. Furent élus:

Maire:

M. François Huguet, notaire royal et procureur fiscal de Moisat, Ravel, Espirat, Montaigut, Listenois et les Bournets

Officiers:

MM. Charles-François Costilhe, bourgeois

Antoine Reignat-Paille, laboureur

Alexandre Nugeyre, laboureur

Jacques Denis, laboureur

Benoit Pinet-Lagoute, laboureur (*)

Procureur de la Commune:

M. François Pascal, bourgeois

Notables:

MM. Jean Nugeyre, laboureur

Etienne Nugeyre, laboureur

Guillaume Aspert, laboureur (*)

Jean Aspert, laboureur

Benoit Bélisme, laboureur

Michel Escuit, laboureur (*)

Mathieu Baget, laboureur

François Blateyron-Tourgon, laboureur (*)

Joseph Pinet-Lagoute, laboureur (*)

Jean Blateyron, laboureur (Tiennou)

Jean Gras, laboureur (*)

Jean Baget, laboureur

(*) curieux: ces noms ne figurent pas sur la liste des citoyens qui ont le droit de vote (citoyens actifs)

Secrétaire-greffier:

M. Jacques Aldigier, praticien

Trésorier:

M. François Huguet

Gardes:

MM. Taurin Martignat

Jean Tourgon (Barrou)

Le garde Taurin Martignat dit La Poussière, cumula les fonctions de valet de ville, chargé de balayer la maison de ville et de faire les commissions de la municipalité. Pour ce travail, 12 livres par an lui sont allouées avec cette clause « que lorsqu’il sera envoyé hors du lieu, ses voyages lui seront payés séparément d’après fixation qui sera faite par les membres du bureau. »

La commune avait été organisée de la manière que nous savons avec son maire, ses officiers municipaux et son conseil général.

Le 15 janvier et le 26 février 1790, l’Assemblée Nationale, poursuivant son œuvre, procéda à une nouvelle division du royaume ; le département devant remplacer la province et lui-même étant divisé en districts.

L’Auvergne haute et basse devait former deux départements : le Cantal et le Puy de Dôme ; ce dernier devant être divisé en huit districts dont les chefs-lieux seraient : Clermont, Riom, Ambert, Thiers, Isssoire, Billom, Montaigut et Besse.

Le choix de Besse, toutefois, n’était pas définitif car il était laissé aux électeurs du département de décider si le chef-lieu du huitième district ne devait pas être définitivement fixé à La Tour ou à Tauves.

L’Assemblée Municipale de Moissat eut donc à s’occuper de cette question et, dans sa séance du 11 avril, elle se contenta de réclamer la conservation des huit districts en insistant toutefois pour que soit maintenu celui de la ville de Billom, « dans laquelle les habitants de Moissat portent toutes leurs denrées et où se trouve un collège qui facilite l’éducationde leurs enfants, en un mot, où toutes leurs affaires et leurs usages les appellent journellement. »

Le décret de l’Assemblée Nationale portait en outre, que la première assemblée du département du Puy de Dôme se tiendrait dans la ville de Clermont et que dans le cas où il serait établi un tribunal supérieur, il serait délibéré par les électeurs s’il convenait d’en fixer le siège dans la ville de Clermont de préférence à celle de Riom, auquel cas l’administration départementale serait établie dans la ville de Riom.

Quatorze juillet 1790

La prise de la Bastille fut considérée comme un symbole d’ailleurs mal choisi du tiomphe de la liberté sur la tyrannie.

La Bastille n’était, en effet, qu’une défense militaire hors d’usage gardée par une petite garnison composée d’invalides et le nombre de ses prisonniers ne dépassait guère la douzaine. Les pensionnaires habituels étaient des fils de famille débauchés, enfermés à la demande de leurs parents ou des perturbateurs de l’ordre qui avaient besoin de quelque temps de réflexion.

Qoique d’importance relative, cet evènement devait être célébré par une fête nationale. La fête de la Dédération, au Champ de Mars à Paris, en marqua le premier anniversaire. Son but était de faire ressortir l’unité de la Nation. Soixante mille députés représentant les communes des 83 départements assistèrent à cette solenité et prétèrent serment à la constitution, les bras tendus vers l’autel de la patrie sur lequel, Talleyran, évêque d’Autun, venait de célébrer la messe.

Louis XVI ayant lui-même juré fidélité au peuple et à la Constitution, la Reine éleva son fils dans ses bras en s’écriant : « il se réunit ainsi que moi dans ces mêmes sentiments. »

L’immense foule répondit à ces paroles par des cris d’enthousiasme et se dispersa en acclamant la nation, la loi et le Roi.

La fête de la Fédération n’eut, à Moissat, qu’un faible écho et son caractère fut uniquement religieux.

Ce même jour, l’assemblée municipale tint séance en la maison commune et le secrétaire crut devoir mentionner, en tête du procès-verbal de la réunion que ce 14 juillet «était l’anniversaire de la révolution et de la prise de la bastille de Paris et le jour de la Confédération Nationnale faite en la dite ville de Paris. » et que la messe venait d’être célébrée « à raison du dit anniversaire dans l’église du Haut-Moissat par M. Delanef, vénérable curé d’Espezen.»

 



05/08/2012
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