Nature et Patrimoine de Moissat

L'église d"Espezin

 

L'EGLISE SAINT REMY D’ESPEZEN ET LE CIMETIERE

 

Si sortant de Moissat-Haut par les vignes qui sont au sud du village, on marche dans la direction d'Espirat, on arrive après un kilomètre à la croisée de plusieurs chemins et à une petite motte entourée d'arbres. C'est là que se trouvait l'église d'Espezen (ou Espezin), détruite dans le courant du siècle dernier (XIXème). A mi-chemin de Pironin et de Moissat-Haut, elle était l'église paroissiale de ces villages (et aussi du hameau de La Martre).

 

 

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  Nature et Patrimoine procéde à la plantation d'une haie matérialisant l'emplacement du cimetière d'Espezin.  

 

 

Certains prétendent que son origine remonte à une dépendance du prieuré de Moissat-Bas; les mêmes croient qu'un hameau entourait l'église, rien de moins sûr. Dans tous les cas, ce hameau, si hameau il y avait, avait complètement disparu à l'époque de la Révolution. Le 2 octobre 1790, au conseil général de la commune, le maire, M. Huguet, s'exprime ainsi : «d'après le décret sur l'organisation civile du clergé, l'église paroissiale de Saint-Rémy d'Espezen, qui est à un quart de lieue de ce lieu, toute isolée au milieu des champs et en mauvais état se trouvera, sans contredit, inutile; on peut même dire qu'elle l'est déjà puisque depuis trente ans il ne s'y fait aucune fonction curale, qu'elles sont faites dans la chapelle de ce lieu dans laquelle ont été transportés les fonts baptismaux . »

Les églises isolées, loin de toute agglomération ne sont pas chose rare; nous pouvons en citer une non loin de Moissat: Notre-Dame d'Espinasse, dans la commune d'Aubusson, en pleine campagne, à 2 kilomètres du village.

A cette même scéance, du 2 octobre 1790, le Maire dit que « le 5 septembre dernier, à l'issue de la messe, les paroissiens consultés furent d'avis de transporter à Moissat-Haut, dans la chapelle, les deux cloches d'Espezen, placées dans un mauvais clocher à fenêtres, qu'ainsi on aurait une sonnerie plus régulière. Mais que six particuliers de Pironin, par un motif de fanatisme, avaient porté plainte au département pour le transport des cloches et qu'il serait prudent d'aller au devant et de faire connaître, à MM. du Directoire, le voeu de l'Assemblée ».

Certains membres du Conseil, ne voulurent pas signer la délibération: MM. Charles-François Costilhe, Benoît et Joseph Pinet, père et fils du Bas-Moissat, et Antoine Reignat, lesquels ont déclaré ne vouloir entrer dans la présente délibération sous prétexte qu'elle tendait à faire établir la paroisse dans ce lieu du Haut-Moissat.

 

 

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Plaque réalisée par Maurice Jaffeux posée sur l'emplacement du cimetiére d'Espezin

 

 

 

Si depuis le départ des Jésuites en 1773 (L’auteur ne précise pas le rapport entre Espezen et le départ des Jésuites), on ne disait plus la messe qu’une fois par mois à Saint Rémy d’Espezen, si toutes les cérémonies avaient lieu dans la chapelle du château, qualifiée annexe de l’église de Saint Pierre et de Saint Rémy d’Espezen par le curé Dumas le 4 février 1751, on continuait à enterrer dans le cimetière et même dans celui de Moissat Bas; cela jusqu’au 4 août 1803. A cette époque fût terminé le cimetière dont la construction avait été décidée le 5 février précédent « dans le communal du Coudert, entre le Fort, le Château et l’angle du mur du jardin du presbytère, emplacement de la vigne de la cure actuellement, le long des murs de la sacristie et du choeur de l’église, la porte d’entrée du côté de la rue du Fort ».

Le transport des matériaux fait par les habitants de la commune s’éleva à 685,20 francs. Ce même jour, 4 août 1803, autoristion fut donnée aux habitants de retirer leurs tombes (grandes pierres) des cimetières de Moissat Bas et d’Espezen pour les placer dans le nouveau cimetière « ou en faire tel usage qu’il conviendra. »

Le cimetière de Moissat Haut ne dura que quelques années. Nous trouvons dans la délibération du 23 août 1819 « Qu’il n’y a qu’un cimetière pour la commune construit depuis moins de 10 ans, qu’il a été placé entre le Haut Moissat et le Bas Moissat, qu’il a été fait deux portes dont une pour le Bas Moissat et que ses morts y ont été ensevelis. »

Donc, c’est vers 1810 que fût occupé le cimetière actuel. L’église d’Espezen n’existe plus ; les pierres tombales du cimetière ont été enlevées ; seuls les morts sont restés et dorment dans ces champs où passe la charrue.

Ne quittons pas le cimetière d’Espezen sans citer un fait qui prouve que nos pères n’étaient pas insoucieux de ce qui se passait autour d’eux et n’agissaient pas à la lègère. Nous le tirons du registre des baptêmes, mariages et sépultures : « L’an mil sept cent cinquante et le dix-neuvième de février, a été enterré dans le cimetière d’Espezen, Jean Baget, fils de Joseph, tombé dans leur ruisseau le jour précédent et qui en fût retiré par les parents sur le champ. Qu’il disparut et fut respirer et mourir dans la maison du moulin de Pironin. Après les vingt quatre heures expirées, il fût fait l’enlèvement de cet enfant agé de cinq ans et qui étant arrivé à la porte du cimetière d’Espezen, les juges de Moissat (municipalité) se trouvant là, demandèrent à visiter le corps, à quoi j’addhéré (sic) sur le champ, à la dite visite, me retirant à la porte de l’église, eux munis d’un chirurgien (sic). Cela étant fait ont amené le corps à l’église d’Espezen où étant, se fit selon l’esprit de l’Eglise, toutes les solennités requises pour l’inhumation d’un corps mort. »

Signé: DUMAS - Curé de Saint Rémy d’Espezen

 

Pour quelle raison l’église de saint Rémy d’Espezen a-t-elle été bâtie en ce lieu solitaire ? C’est ce que nous allons chercher à expliquer.

A quelques dizaines de mètres de son emplacement sourd une abondante fontaine : Fons-Rigault. De plus les terrains environnant recèlent de nombreux débris de poteries gallo-romaines. Or tout le monde sait que les Gaulois et les Gallo-romains avaient le cûlte des fontaines. Il semble donc qu’un groupe de villas a été édifié à cet endroit.

Non loin, au sud du village d’Espirat, on trouve également des fragments de poteries romaines D’autres de même provenance, quelques uns portant le nom du potier Dovecus ont été découverts tout dernièrement au domaine de Daillat, propriété de M. le Comte de Roquefeuille. Nous pensons que ces trois points étaient à proximité d’une voie transversale faisant communiquer la grande voie de Lyon à l’Océan avec une autre passant par Liussannum (Lezoux), ville très importante jusqu’au IVème siècle, où elle fût détruite par Chrocus roi des Allemands (sans doute les Germains, les grandes invasions commencent en 406). Certains auteurs croient même que Vorogium de la table de Putinger était Vertaizon. Putinger, antiquaire Allemand qui trouva une carte routière romaine à laquelle on donna le nom de table. Il semble que Vorogium serait plutôt Voroux près de Varennes sur Allier.

Cette partie de la Limagne était certainement traversée dans ses parties praticables par des voies conduisant au Puy de Dôme, lieu sacré pour la Gaule entière. La statue colossale de Mercure Dumiate qui le dominait avait, d’après Pline été payée par toutes les peuplades de la Gaule et son auteur avait reçu plus d’un million en dix ans. (Le musée de Saint Germain en Laye possède une statue de Mercure en bronze qui provient du temple bâti au sommet du Puy de Dôme). Il y avait aussi un temple fort riche, le temple de Vasso, élevé, croit on dans la partie haute de la ville de Clermont. Statue et temple furent détruits par Chrocus.

Ce pays, assez peuplé semble-t-il, fût témoin certainement de nombreux combats. En 1887, dans le Terrail, au pied et à l’ouest de la hauteur de Moissat, fût trouvé un squelette de guerrier gaulois avec armes et bracelets. (D’après les archives archéologiques du Puy de Dôme, il s’agit d’une tombe de l’âge du bronze et non de l’époque gauloise) Il ne devait pas être seul en ce lieu.Au pied de la butte de Courcour, au bord d’un chemin creux se trouve une nécropole gauloise. Au dessus sont les morts de la Maladrerie de Seychalles, au dessous gisent les squelettes de Gaulois jeunes ayant leurs dents: certainement des guerriers tombés dans un combat.

A notre avis, la source de Fons-Rigault était un lieu de pèlerinage au temps gaulois. La religion chrétienne qui a accepté des croyances antérieures tout ce qui n’était pas contraire à ses dogmes, aurait, à Espezen, comme à mille autres endroits, substitué ses autels à ceux du paganisme. L’église d’Espezen aurait donc été bâtie sur l’emplacement d’une chapelle succédant elle-même à un petit temple.



13/07/2012
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