Nature et Patrimoine de Moissat

L'église de Moissat haut

 

 

 L’EGLISE SAINT JEAN BAPTISTE DU HAUT-MOISSAT

 

Nous trouvons dans les archives de la Mairie à la date du 19 fructidor an IX, 9 septembre 1801:

« A comparu devant nous, maire de Moissat, le citoyen Michel Delanef, prêtre et curé du Haut-Moissat résidant, lequel après avoir fait la promesse de fidélité à la Constitution de l’an huit pour se conformer à l’article 17 de la loi du 7 vendémiaire an IX, a déclaré avoir choisi l’église du Haut-Moissat pour l’exercice du Cûlte Catholique, Apostolique et Romain et a signé. »

Cette date nous fixe sur le rétablissement du cûlte régulier à Moissat. Le Concordat entre Pie VII et le Premier Consul a été signé le 15 juilet 1801, mai ne fût converti en loi que le 8 avril 1802, 18 germinal an X.

Est ce à dire qu’il n’y avait pas de cûlte à Moissat de 1790 à 1801 ? Non. Les exercices religieux furent assurés ou parodiés, d’abord par le curé assermenté Greliche, de fâcheuse mémoire, et, croit on, originaire de Mauzun qui ne devait pas avoir beaucoup de fidèles à ses cérémonies si nous en jugeons par la délibération du Conseil Municipal du 20 prairial an III, 26 mai 1795:

« Un autre membre a dit que le citoyen Greliche, pendant son séjour dans cette commune, a employé tous les moyens pour y mettre le désordre, soit par ses actions , son immoralité, ses propos et ses dénonciations calomnieuses. »

Cette appréciation du rôle de Greliche se rapporte à une aventure que nous relaterons plus tard.

Il y eut pendant toute la révolution des prêtres qui habitaient Moissat ou les environs, disant la messe en se cachant plus ou moins ; tels J.P. Maisonneuve, J.Barry, J.Moreau qui avaient été incarcérés puis remis en liberté par le représentant Chazel le 30 messidor an III et le 11 messidor an IV – juillet 1795, juillet 1796.

Quant à l’abbé Delanef, ancien curé d’Espezen, il avait quitté le pays et s’était réfugié en Suisse. Revenu depuis quelques temps déjà, il résidait à Moissat comme nous l’avons vu.

Pour exercer son ministère, l’abbé Delanef, curé d’Espezen depuis 1768 – mort à Moissat en 1811 – n’avait à sa disposition que la chapelle du château. L’église d’Espezen était en ruines.

La chapelle du Château avait été agrandie en 1779, d’une chapelle et d’une aile. Elle le fut de nouveau en 1789, « d’un chœur très spacieux, bien éclairé, bâti à la moderne et d’une sacristie, il en coûta six mille francs. A cette époque, on disposa la sacristie pour en faire une chapelle collatérale lorsqu’on aurait des fonds ; elle serait faite sans la Révolution ; mais en ôtant la cloison qui est un simple garandage, la chapelle peut être mise en état au moyen de cent ou cent cinquante francs et, avec des fonds on aura la facilité de construire une autre aile à la suite de la Chapelle. » (Lettre du maire Huguet à l’évêque de Clermont sans date).

Cette chapelle était en assez bon état sauf le clocher. Pendant la Révolution, la commune avait consacré une partie de ses faibles ressources à l’entretien de ses églises. Le 8 thermidor an III, 29 juillet 1795, nous trouvons cette décision du Conseil municipal: « La halle s’est abattue hier ; le produit de la vente des matériaux et de la vente des noyers morts sera affectée à des réparations aux églises des Haut et Bas-Moissat. »

A la séance du 20 pluviose an X, le 10 février 1802, « un membre a dit que la voûte du clocher de ce lieu du Haut-Moissat reçoit la pluie, la neige et toutes les intempéries de l’air, que si on ne la mettait incessamment à l’abri, elle serait bientôt écroulée, qu’il fallait faire un toit et cependant laisser un vide ou un espace afin d’entendre le son de la cloche lors des incendies. »

Le Conseil autorisa les réparations mais elles arrivèrent trop tard, le clocher s’écroula en mai 1803. Dans sa séance du 30 mai 1803, le Conseil constate l’urgence de réparations à l’église « dont une partie du lambris fût abattue lors de la destruction du clocher. »

L’église Saint Jean du Haut-Moissat servit dans cet état jusqu’en 1821. Elle n’était luxueuse ni extérieurement ni intérieurement d’après une visite de Mgr Duval de Dampierre, évêque de Clermont, ordonnant le 27 mars 1808 de changer le calice qui était en étain, de doubler de soie le tabernacle, etc…

L’église du Haut-Moissat n’était pas aussi petite qu’on pourrait le croire. Dans sa lettre à l’Evêque, le Maire dit: « l’église est plus grande d’un tiers que celle du Bas-Moissat. »

Quant aux paroisses elles étaient enchevêtrées de manière inextricable: une maison d’une paroisse était au milieu de cinq ou six de l’autre. « La maison d’un nommé Chouvet qui est à l’extrémité du Haut-Moissat la plus proche du Bas-Moissat, était de la paroisse du Haut et celle du nommé Cellerier qui est à l’extrémité occidentale était de la paroisse du Bas. »

« Lettre du Maire »

L’abbé Delanef et son successeur, l’abbé Aurel, se contentèrent de l’église telle qu’elle était. Les choses allaient bientôt changer.

La cure de Moissat était donnée, en 1818, à un jeune abbé de vingt huit ans, Antoine Bourdier, neveu du curé de Notre Dame du Port de Clermont.

Antoine Bourdier devait rester curé de Moissat Haut pendant quarante années, jusqu’à sa mort au mois de juin 1858.

Dans une étude sur Moissat Bas, datée de 1893, l’abbé Croizet, curé de ce village, nous donne un portrait de l’abbé Bourdier qui ne manque pas de saveur.

«Après M. Delanef et M. Aurel, curés de Moissat Haut, ce fût un nommé Boudrier originaire de Saint Genès du Retz. C’était un homme actif, entreprenant, qui, au talent de l’admistration et du maniement des esprits, joignait le goût de la grandeur. Dans le dessein de donner plus de relief à sa paroisse, il réussit en 1827 à réunir le village des Charles qui dépendait encore de celle de Moissat Bas. Non content de ce succès, il couvait secrètement dans son cœur, l’annexion de Moissat Bas lui même, lorsque Dieu mit fin à ses projets en le retirant de ce monde. »

N’en déplaise à M. Croizet, en voulant réunir les deux paroisses en une seule, M. Bourdier ne faisait que reprendre une idée de Mgr de Lagarlave, évêque de Clermont avant la Révolution.

M.Bourdier était à la fois un grand bâtisseur et un grand démolisseur. Non content de rebâtir complètement l’église, de lui donner une nouvelle orientation, car le clocher est exactement à la place du chœur ancien, il rasa le presbytère dont M. Delanef avait construit une partie et réparé l’autre à ses frais

L’abbé Bourdier sut habilement lancer l’idée de reconstruction de l’église. Ce mot de reconstruction eût effrayé le Conseil Municipal ; il ne fit parler que de l’agrandissement au Conseil de Fabrique, puis, envoya la délibération de ce conseil directement au Préfet. Le Préfet était alors M. Dumartroy qui ne manqua jamais de seconder les projets de la Marguillerie dira l’abbé Bourdier dans un rapport du 12 janvier 1829.

Le Préfet renvoya l’autorisation au Maire avec autorisation de réunir le Conseil Municipal pour délibérer sur cette question.

Le maire était alors, Marie-Anselme-Paul Huguet, nommé par arrêté du 25 mai 1820, en remplacement de son père François Huguet, maintenu conseiller sur la demande du Conseil Municipal. M.François Huguet, premier maire de Moissat, avait exercé ces fonctions depuis 1790, sauf une interruption pendant la Révolution. Il devait mourrir très peu de temps après les avoir résignées.

Le nouveau maire ne devait pas s’entendre très longtemps avec le nouveau Curé. Dans la question de l’église, Paul Huguet ne cessa de mettre le Conseil en garde contre l’engrenage dans lequel il se trouvait pris, et les rapports entre le maire et le curé se trouvèrent assez tendus.

Il semble bien que l’abbé Bourdier engagea proprio motu les travaux.

 

 

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Dans un rapport au préfet du 12 janvier 1829, il écrit: « La construction de la nouvelle église fût commencée le 15 mai 1821 ; » or, la réunion du Conseil Municipal prescrite par le préfet pour délibérer sur la question de « l’agrandissement » de l’église n’eut lieu que le 17 juin 1821.

Disons de suite que d’après la loi de cette époque, maire et conseillers étaient nommés par le préfet, que pour les délibérations engageant de nouvelles dépenses, le Conseil devait s’adjoindre, non plus les notables, mais bien les dix plus imposés de la commune.

Donc, le 17 juin 1821, le Conseil Municipal s’assemblait. Il était composé : Conseillers municipaux : Paul Huguet, maire

Alexandre Nugère, Guillaume Aspert, Léger Gauthier, Etienne Besse, Pierre Belisme, François Nugère, Jean Blateyron.

Plus imposés : Guillaume Pinet, Lagoute oncle, Jean Lageyre, Couteaux jeune, Jean Travers jeune, Etienne Nugère père, Joseph Blateyron, Jean Huguet, Travers vieux, Louis Huguet, Poseat et Benoît Pinet, Grenelle, ces deux derniers en remplacement de François et autre François Cohérier frères qui ont déclaré ne pas vouloir prendre part à la délibération et se sont retirés.

Le maire a donné lecture de la délibération du Conseil de Fabrique constatant que l’agrandissement de l’église s’imposait:

Par l’augmentation de la population. Depuis 1811 et en comprenant 1882(?), il y avait eu à Moissat 571 naissances et 450 décès. D’après le recensement du 1er janvier 1806, la population totale de la commune était de:

Haut-Moissat 898 habitants, Pironin 115; Bas moissat 544; Les Charles 172;

Total 1 729 habitants.

Par l’irrégularité de l’église qui n’a qu’un collatéral

Par l’insuffisance du local pour contenir tous les fidèles pour les offices divins, malgré la messe matutinale

Par la crainte fondée d’être bientôt privé de messe

Par la place occupée par les Dames de la Miséricorde qui, avec les novices et les pensionnaires sont au nombre de quarante. Les Dames de la Miséricorde qui sont encore à Moissat (l’auteur écrit en 1930), ont été autorisées à y résider par ordonnance royale du 11 septembre 1816. Leur école a été fermée en 1905.

Le Conseil de Fabrique demandait l’établissement d’un collatéral au nord, semblable à celui du sud et offrait de contribuer à la dépense pour une somme de mille francs.

La question posée : « Faut il agrandir l’église ? » fut acceptée au bulletin secret par dix boules blanches contre huit boules noires.

Le principe de l’agrandissement est donc voté à la faible majorité de deux voix. Nous allons voir cette majorité disparaître quand le Maire aura fait part au Conseil des plans et devis de l’architecte.

L’architecte, M. Croizier, avait, en présence du maire et de l’abbé Bourdier, examiné l’église et donné le plan suivant : « Les piliers de la nef qui sont des masses informes seront remplacés par des colonnes empruntées à l’ordre Toscan ; les lambris et voûtes existants seront remplacés par de nouvelles voûtes et toutes les réparations seront faites pour dix mille francs. » Le maire fait observer que le projet pourrait se modifier en cas de manque de fonds et se réduire à la seule construction du collatéral septentrional.

Le maire donne alors l’état des revenus de la commune ; ils se montent à 2 525F et les dépenses atteignent 2 000F non compris les travaux aux chemins.

Après plusieurs observations, on vote au scrutin secret sur la motion suivante : « Le plan pour la réparation de l’église sera-t-il éxécuté ? » Le scrutin donne neuf boules blanches et neuf boules noires.

Après le vote, un conseiller fit observer que la délibération du Conseil de fabrique demande un collatéral et non une église et que la loi défend au Conseil municipal de délibérer sur un autre sujet que celui qui a déterminé la convocation : « Voyez si vos fonds permettent de faire un collatéral. D’après notre situation financière, nous ne le pouvons pas mais nous pourrions accorder à la Fabrique un secours, sauf à elle de diriger les opérations selon ses moyens. »

Cette proposition est appuyée par la majorité de l’assemblée et elle décide d’accorder à la fabrique un secours de huit cents francs pour faire le collatéral septentrional.

D’après cela, il n’est pas douteux que le curé Bourdier, soutenu par les fonds propres fournis par un Monsieur de Barisson (1), engagea seul avec son Conseil de fabrique, les réparations pour l’agrandissement de l’église.

Pour un homme entreprenant comme lui, l’important était d’avoir lancé l’affaire, d’avoir engagé l’action. Mis en face du fait accompli, le Conseil municipal reviendrait bien plus tard sur sa décision. Le raisonnement se trouva juste.

En attendant, il fallait de l’argent. L’abbé Bourdier en trouva chez M. de Barisson et chez son oncle curé de Notre Dame du port.

(1)Après la mort de M. de Barisson, sa veuve vint habiter Moissat. « Aujourd’hui, 9 novembre 1843, devant nous, Anselme-Paul Huguet, maire de la commune de Moissat, dame Marie Renée Catherine Delorme, veuve Barisson, habitante de la ville de Billom, nous a déclaré transporter son domicile dans cette commune et vouloir être mise au nombre des habitants. Son intention étant de ne plus habiter Billom. »

P.HUGUET

Les fonds récoltés pour la réparation de l’église ne furent pas, au début, très considérables, puisque le 20 octobre 1822, la Fabrique demandait au Conseil municipal de nouveaux secours « les murailles s’étant trouvé mauvaises ».

Le Conseil décide de donner 200 francs pour parfaire le vote de 800 francs de l’année précédente et en outre 200 francs en 1823 et 400 francs en 1824.

Le 9 mars 1823, la Fabrique demande à la commune une somme de 4 000 francs, payable en dix ans, pour achever les réparations et la reconstruction de l’église.

Le 11 mai 1823, le maire ouvre la séance du Conseil par ces paroles: « Je n’ose en vérité, Messieurs, effrayé par la dette que vous avez contractée envers la Fabrique dont le président ne vous laissera tranquilles que quand vous aurez fini de payer, vous proposer d’allouer des fonds pour les chemins...».

Un membre du Conseil fit alors la proposition suivante : « D’après le projet d’agrandissement et de réparations de l’église du Haut-Moissat, il sera d’absolue nécessité d’acheter ou d’échanger certains bâtiments qui confinent l’église et la rendent d’une forme irrégulière. La commune pourrait céder à la Fabrique :

un terrain de 10 m sur 18 carrés, confiné par l’allée de Belle-Vue de nuit, une rue sans issue de midi, les caves et granges de Benoît Demone Babiant et Benoît Blateyron de jour, et celle (illisible)...

un autre de 8 mètres carrés, confiné par l’allée de Belle-Vue de nuit, le chemin de l’Evêque de midi, la propriété de Jean Blateyron ou ses enfants et celle de Pierre Belisme et de Mme de Barillat de bise.

le troisième de 14 mètres carrés de longueur (sic) sur 4 de largeur, confiné par l’allée de Belle-Vue de nuit, le chemin de l’Evêque de bise, autre chemin de jour et la cave de Jean Baptiste Cohérier de midi.

Il faudrait céder purement et simplement, à titre gratuit, les dits héritages à la Fabrique. »

Cette proposition fût adoptée à l’unanimité.

Ce cadeau ne donnait pas d’argent et Gilbert Duvert, maître-maçon, entrepreneur, attendait impatiemment de rentrer dans ses débours.

Au 29 décembre 1823, il avait été fait pour 10 409,98 francs 98 centimes de travaux et la recette des exercices 1821, 1822, 1823, y compris 606 francs payés par la commune en 1822, ne donnaient que 5 817 francs, d’où pour les trois années un déficit de 4 692 francs.

Cet état de dépenses et de déficit fût présenté, le 29 décembre 1823, au Conseil municipal et adressé au préfet qui était alors M.d’Allouville « dont les habitants de Moissat et particulièrement le pasteur n’oublieront jamais les bontés » dira l’abbé Bourdier. Le préfet délégua, le 31 décembre 1823, M.Croizier architecte de la ville de Billom, pour vérifier les plans et devis déjà dressés, en dresser de nouveaux s’il était nécessaire et constater les travaux faits.

En août 1824, l’abbé Bourdier, à la recherche de fonds pour la continuation des travaux, revendique, au nom de la Marguillerie, la propriété du four banal de Moissat-Haut.

Le 12 février 1802, le Conseil Municipal avait décidé d’affermer ce four pour payer le prêtre qui venait de Billom dire la messe du matin, les dimanches et fêtes. Il avait arrêté que «la contribution du dit four sera de deux centimes et demie par tourte » et le four avait été affermé à Taurin Martignat et Jacques Lageyre pour la somme de 105 francs. En 1805, la ferme de ce four s’élevait à 602 fr.

Le 29 août 1824, le Conseil Municipal se réunissait pour délibérer sur la cession du four et sur une demande de fonds pour la construction du pavé et des voûtes de l’église.

« Sur quoi et après plusieurs explications et discussions vives sur la conduite de M. le Desservant qui a fait l’entreprise contre l’avis du Conseil Municipal et des plus imposés, assurant qu’il avait les fonds et a agi en tout malgré observation et opposition, le Conseil Municipal convaicu :

que les titres qui pouvaient établir que le four du Haut-Moissat appartenait à la Fabrique ont été la proie des flammes dans le temps de la Révolution

de l’impossibilité de découvrir la minute des titres

reconnaît à l’unanimité que le dit four est la propriété de la Fabrique et consent qu’elle en réserve le produit pour acquiter toutes les avances faites par le Desservant jusqu’à ce jour.

Et pour la confection du pavé et de la voûte en commençant par le pavé et l’acquitement des 800 francs restés sur les cotes portées aux délibérations du 17 juin et 12 mai 1822, s’oblige à payer à qui de droit la somme de cinq mille francs y compris celle de deux mille francs portée sur la délibération du 9 mars 1823 et votée pour le pavé.

Laquelle somme sera prise sur le remboursement qui est offert et que seront disposés à offrir les débiteurs de rentes appartenant à la Commune. »

Le 17 octobre 1824, MM. Tayras, Escot, Blateyron, Bordel, Courty, Besse, Madéore, Plasse et Mme de Barisson offrent de rembourser des rentes pour 1991 fr 90. Le Conseil Municipal accepte et aussi celles qui seraient offertes en remboursement jusqu’à concurrence de cinq mille francs.

Le 1er octobre 1824, l’entreprise de tout le pavé de l’église et de la voûte principale fût donnée au bail à rabais à Gilbert Duvert pour la somme de 3 805 francs.

Les travaux continuèrent pendant la fin de 1824 et l’année 1825 grâce à des dons en argent et à l’inlassable générosité des habitants de Moissat-Haut qui apportèrent à l’entrepreneur le secours de leurs bras et firent avec leurs bestiaux tous les transports de matériaux. 1826 allait donner lieu à des travaux par la construction du clocher.

Le 26 mars 1826, la Fabrique faisait une nouvelle demande de secours à la Commune pour la construction du clocher et de la porte principale de l’église. Le plan fourni par l’architecte exigeait une somme de 18 004 francs 92 centimes.

A l’unanimité, moins deux voix, le Conseil décide qu’il sera accordé à la Fabrique 5 000 francs en un contrat de rentes.

Mais où placer le clocher ? A l’est ou à l’ouest, du côté du village ? ou du côté de Bellevue ?

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Le 9 avril 1826, le Maire se rendit à une réunion du Conseil de fabrique. Son opinion était de placer le clocher à son ancienne place, du côté de Bellevue. Ce serait plus agréable et avantageux ; là, le clocher serait mieux placé pour les villages de Pironin et des Charles ; pour les processions, l’allée serait plus avantageuse pour la sortie et pour la rentrée.

L’ abbé Bourdier fut d’un avis contraire : « l’entrée de l’église serait mieux à l’aspect de jour parce que ce serait plus central, que l’arrivée serait plus facile et plus agréable étant moins à la bise. Que pour établir le clocher du côté de Bellevue, il faudrait s’accomoder avec M. de Marillat et Pierre Belisme ; qu’à la vérité, il le faudrait aussi pour le chœur. » Il ajoutait que les paroissiens consultés étaient favorables à son avis.

A la majorité, il a été décidé que l’entrée de l’église serait au jour, à la place du chœur et que M. le Desservant et le Maire seraient autorisés à traiter avec le propriétaire, M. Pierrre Belisme, des bâtiments qui avoisinent de nuit et seront nécessaires pour la construction du chœur.

 

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Si nous n’avions que les registres des délibérations du Conseil municipal, on ne peut plus mal tenus, il nous serait impossible de connaître la part de la commune dans les frais de construction de l’église ; nous avons heureusement l’arrêté de liquidation du Préfet en date 24 avril 1832 qui porte :

A été payé par la commune:

Premier acompte 600,00

Deuxième acompte 2 733,70

Troisième acompte 1 774,70

5 108,40

Ce qui reste à payer à la charge de la commune est fixé à 11 939,30 francs.

La construction de l’église a coûté 50 060 francs ; sur cette somme, la commune a contribué pour une somme de 17 047,70 francs. Pour se liquider, la commune était autorisée à aliéner une rente de 456,25 l. sur laquelle une mise à prix de 9 125 francs a été acceptée.

Pour nous fixer sur la date d’achèvement de l’église, nous n’avons rien qui nous permette de donner une époque certaine, mais nous pouvons la reporter à celle du clocher qui fut terminé en 1833.

La sonnerie se compose de trois cloches:

La grosse de 800 kilos

La moyenne de 400 kilos porte la date de 1645. C’est, croyons nous, celle qui vient de l’église d’Espezen.

La petite qui fut refondue et portée au poids de 400 kilos.

L’église fut consacrée en 1847, par Mgr Croisier, évêque de Rodez., ami personnel de l’abbé Bourdier.

Le 5 octobre 1873, le président du Conseil de fabrique faisait la communication suivante : « D’après une disposition testamentaire de l’abbé Demone, il est laissé à l’église, une somme de cinq cents francs, destinée à un vitrail ; il propose, moyennant cette somme, d’ouvrir une croisée derrière le maitre autel et d’y placer un vitrail représentant Saint Jean Baptiste, patron de la paroisse. » Cette proposition fut acceptée par les membres présents.

Nous terminerons cette étude sur l’église du Haut-Moissat, par les lignes suivantes, tirées d’un mémoire adressé au Préfet par l’abbé Bourdier et daté du 13 janvier 1829 :

«Sur la demande de leur pasteur et en vertu d’appels faits à leur générosité, tous ou presque tous les fidèles, après d’assez grands sacrifices pendant 1821, 1822, 1823, s’en sont imposés de nouveaux depuis 1824, aussi volontairement qu’ils avaient fait ceux des premières années et bien que parmi eux, il n’y ait aucune famille opulente, ils ont fourni soit de leurs dons en argent, soit de leur bras pour le service de l’entrepreneur, soit de leurs bestiaux pour le transport des matériaux, de quoi payer la majeure partie de l’estimation des travaux. »



18/06/2012
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