Nature et Patrimoine de Moissat

Le Patois de Moissat

 

 

 

 

Remarquable travail de Maurice Jaffeux, qui dresse une liste (non exhaustive) d'expressions en patois ayant  cours à Moissat. En plus de la  traduction patois /français nous découvrons l'origine de  ces expressions,  origine imagée dont Maurice Jaffeux nous donne les clefs.  Par exemple Bada piin pan  (ouvert plein pan) : ouvert à tous vents cette expression est une merveille, car elle est une onomatopée, comme des volets qui claquent au vent. Autre exemple : Bouèïlè lè bièïcè   donner les bâts, c’est-à-dire le harnachement servant à porter un fardeau sur le dos d’un âne ou d’un cheval : autrefois refuser la main de sa fille à un prétendant au mariage. 
 
A déguster sans modération. Bonne lecture

 

Voici quelques expressions glanées à Moissat :

            - en gras l’expression telle qu’on peut l’écrire à partir des sons du français ;

            - entre parenthèses la signification littérale ;

            - en rouge  la même expression lorsqu’elle est passée dans le français local

 

 

-Agne zin ou ane zin : allons nous-en.

-Bada piin pan  (ouvert plein pan) : ouvert à tous vents (cette expression est une merveille, car elle est une onomatopée, comme des volets qui claquent au vent).

-Badè lè cornè (ouvrir les cornes) : regarder bouche bée.

-Badè lo youmèïro ou badé l’iquiére (ouvrir la lumière) : allumer la lumière.

-Barè lo pouorto (barrer la porte) : fermer la porte à clé (clin d’œil à la barre de bois qui barrait toute la largeur de la porte autrefois).

-Bouèïlè lè bièïcè (donner les bâts, c’est-à-dire le harnachement servant à porter un fardeau sur le dos d’un âne ou d’un cheval) : autrefois refuser la main de sa fille à un prétendant au mariage.

-Bouèïlè le mourcèï (donner le morceau) : après la vente d’une bête à un boucher, il était habituel que ce dernier donne gracieusement un morceau à l’éleveur

-Bouno jin ! : Bonnes gens ! : Interjection de commisération devant un évènement plus ou moins dramatique.

-Boutè de brandè (mettre des branches) : planter une branche d’arbre munie d’un nœud de paille, à l’entrée d’une éteule, après la moisson, pour indiquer que ce champ est semé en luzerne, et que par conséquent, il est interdit de laisser pacager les moutons d’autrui.

-Boutè dji moun idé : mettre dans mon idée, penser.

-Cau cou i ? : qui est-ce ?

-Chabo nin ! ou chabo nin bé toun jaz ! (finis-en ! ou finis-en avec ton jase !) : expression demandant impérativement à l’interlocuteur d’arrêter ses errances de langage ou d’action.

-Chandelèï de pejo (chandelier de poix) : se dit à une personne qui se tient près d’une fenêtre en bouchant la lumière du jour, allusion savoureuse au chandelier de poix qui faisait beaucoup de fumée et peu de lumière.

-chiado d’ivère : grosse chute de neige.

-Co cou i ? : qu’est-ce qu’il y a ?, que se passe-t-il ?

-Cou de … (çà de …) : la propriété de …

-Cou me sè bë : çà me sait bon, çà me fait plaisir.

-Cou me sè mau : çà me sait mal, çà me fait mal moralement, çà me chagrine.

-Coufië mo ino reno (gonflé comme une reine d’abeilles) : ivre, saoul.

-Cou i pè que chi que chio (ce n’est pas ce chien qui chie) : se dit d’une personne qui a une bonne appréciation d’elle même ou de ce qu’elle fait.

-Cou me couino, cou me cacho : çà me couine, çà me cache, çà me fait mal (douleur physique).

-Cou me gagno : çà me gagne, çà m’entraine malgré moi (par ex. une charge trop lourde qui m’amène à faire une embardée).

-Cou n’in passavo de payo ! (il en passait de la paille !) : se dit d’une discussion très animée, où les paroles passent en jet continu, comme, merveilleuse image, la paille sortant de la batteuse.

-Cou o l’air… (çà a l’air) ou cou pari (çà paraît) : il paraît… , on dit que…

-Cou proufito pè moué qu’ino pèïro dji t’un partchu (çà profite pas plus qu’une pierre dans un trou) : se dit d’un animal qui grandit difficilement.

-Dacèï dalèï : déci delà.

-D’iche lèï : d’ici là-bas, loin d’ici

-Dri chiimpië (droit simple) : complètement fou.

-Dri mo moun coude quand me mouche (droit comme mon coude quand je me mouche) : pas droit du tout.

-étre dji lè gnulè (être dans les nues) : être dans les « gnulles », avoir momentanément l’esprit égaré ou être éméché.

-étre in pantiyou : être en « pantillou », être en sous vêtements ou en chemise.

-Foro pè ivagni lu courriau (il ne fera pas évanouir les liserons) : se dit d’une personne pas très vaillante pour les travaux des champs.

-Fouére d’oboundo ou fouére de l’oboundo : faire de l’« abonde », avoir une récolte supérieure aux prévisions.

-Fouére de maro : faire de la marre, - faire du bruit   - faire de l’esbroufe, se croire être mieux que les autres.                                                                   

 -Fouére fauto : faire faute, manquer (ex. : j’ai prêté un outil, il me fait faute).

-Fouére foujè lu sanèïre (faire creuser avec sa tête les « sanères » (mauvaises herbes appelées conopodes dénudés)) : faire fouger les sanères, à la lutte battre à plate couture.

-Fouére genre : faire genre, s’habiller de façon exentrique, suivre la mode.

-Fouére le fi : faire le fin, jouer à faire l’intelligent tout en méprisant les autres.

-Fouére lè quatre : faire quatre heures, faire le repas rapide et froid du milieu de l’après-midi, à la maison ou au champ.

-Fouére lè ratè (faire les restes) : faire les rates, le dernier jour d’un travail, moissons, batteuse, vendanges, pressoir, etc. Ce jour-là pouvait s’accompagner de quelques libations pour fêter l’évènement.

-Fouére lo gaugno : faire la « gogne », faire la grimace, la moue, montrer sa mauvaise humeur.

-Fouére lo goroyo : faire la « garoille », renverser son verre à table.

-Fouére lo nico : faire la nique, faire le difficile devant la nourriture (pas le même sens qu’en français où l’expression veut dire : être agressif).

-Fouére lo riaulo : faire la « riole », faire la fête, faire bombance, faire du bruit.

-Fouére lo sèlo ou lo chadèïro : faire la selleou la chaise, porter quelqu’un à deux en croisant les 4 mains.

-Fouére lo torgno : faire la « torgne », faire la grimace, la moue, montrer sa mauvaise humeur.

-Fouére lu chi : faire les chiens, vomir.

-Fouére mayesso  (faire enrager) : faire malice, laisser un goût amer ou provoquer la colère.

-Fouére Pècho : faire Pâques, communier le jour de Pâques ou dans cette période.

-Fouére Pècho davan lu Rèpan : faire Pâques avant les Rameaux (même expression et même sens qu’en Français !) 

-Fouére regrè : faire regret, répugner, dégouter, soulever le cœur.

-Fouére tounbè lè poulè du juchodu : faire tomber les poules du « juchadu », dire un mensonge ou une ânerie tellement énorme qu’à coup sûr les poules en tomberont de leur perchoir.

-Fugnan mo in’ourso biancho : faignant comme une ourse blanche, pas courageux du tout.

-Icourchoyo in pèï po vi lo pèï (il écorcherait un pou pour avoir la peau) : se dit à propos d’un avare, comme en français. Mais cette expression prend un sel particulier puisque le mot « pèï » est employé avec deux sens différents, et en plus le premier est masculin, le deuxième féminin.

-Lè chambè do soulèï (les jambes du soleil) : les traits de lumière que le soleil fait en passant à travers les nuages.

-Lè pèïrè tornoun mè tourju au perayèï (les pierres retournent toujours au tas de pierres) : l’argent ne va qu’aux riches.

-Le vandre le pu lède ou le pu jantze (le vendredi le plus beau ou le plus laid… de la semaine) : à vérifier statistiquement.

-Levè lè gnauquè : lever les « gnoques », se dit à propos d’une situation incongrue, par ex. les deux pointes du croissant de lune lorsqu’ils sont en direction du haut, les parties mal ajustées d’un vêtement, etc. 

-Levè lu fer : lever les fers, mourir.

-L’obouru o jomouè re demanda bé le tordju : le précoce n’a jamais rien demandé au tardif.

-Lo Sinto Vièrjo foué soun lèï : la Sainte Vierge fait son lit, se dit quand, simultanément, il pleut et qu’il fait soleil.

-Marchè o l’icrèpa : marcher à l’ « écrapé », marcher en écartant les jambes comme le crapaud.

-Marchè o pato dichau (marcher à patte déchaussée) : marcher à patte « dichau », marcher pieds nus.

-Marquè bien : marquer bien, être bien de sa personne, de sa tenue vestimentaire, flatteur pour l’entourage.

-Marquè mau : marquer mal, tout le contraire de la définition précédente.

-Mau vira : mal tourné, de mauvaise humeur, susceptible.

-Me mouèïtou : moi aussi.

-M’i jéro : il me semble, je crois savoir.

-Mo cou i que fasi ? (textuellement : « comment c’est que tu fais ? ») : comment fais-tu ?

-Mo cou ou mo coutchë : comme ça

-Mo figo ! : expression sans signification particulière utilisée comme pause dans la phrase.

-Mo que cho (textuellement : « comme qu’il soit ») : n’importe comment.

-Mouèïnajo te ou mouèïnajè votri : ménage-toi ou ménagez-vous, formules de politesse, très sages, faites lorsqu’on se sépare de quelqu’un ou de plusieurs personnes.

-Moué më : moi aussi.

-Moué moué (textuellement : « mieux mieux ») : moué moué, expression qui désigne toute personne mieux habillée que les autres, d’une condition sociale supérieure et qui se croit être mieux que les autres.

-Moué të : toi aussi.

-Moun argo ! : expression sans signification particulière utilisée comme pause dans la phrase.

-Nèï mo de gogo : noir comme du boudin.

-Nèï mo le fer : noir comme le fer.

-Nè quère lo passado : aller chercher la « passée », travailler un champ (labour, fauchage, moisson, etc,) toujours dans le même sens, en revenant « à vide » au retour. On pratique ceci pour différentes raisons : déclivité du champ ou moisson d’une céréale versée dans un sens ou obstacles divers, arbres, rocher, fossé, clôture, etc.

-N’in vi po lu pouori et po lu chi : (en avoir pour les cochons et pour les chiens) : se dit d’une récolte annuelle particulièrement abondante, par exemple les pommes en 2011.

-O bë (ho bien) : équivalent à « oui ». Est-ce là le lien qui nous reste avec la langue d’oc (« oc » voulant dire « oui »), la langue mère de notre patois ?

-O bouta de payo dji su iquio (il (ou elle) a mis de la paille dans ses sabots) : se dit d’un enfant qui a grandi.

-Pachin mo un chat que se brulo (patient comme un chat qui se brûle) : être impatient, toujours pressé.

-Passè daré : passer derrière : corriger, fâcher, gourmander.

-Pau valin (peu valant) : personne méprisable.

-Pè bètarssi lo raço (ne pas abâtardir la race) : pas « batarcir » la race, se comporter, dans telle circonstance, comme ses parents ou ancêtres. Cette remarque peut être faite pour un coté positif ou négatif.

-Pè bien braya : pas bien braillé, mal habillé.

-Pè bien sara : pas bien serré, un peu fou.

-Pè craindre de trabayè ou de nè au bistrot, etc : ne pas craindre de travailleroud’aller au bistrot, etc, forme grammaticale négative qui veut dire qu’on aime beaucoup quelque chose, le travail par ex., de façon positive, ou de se laisser aller, de façon négative.

-Pè guére : pas guère, guère, pas beaucoup (malgré l’adverbe négatif « pè », pas).

-Pè seuübre de cau boou fouére de chavillè (pas savoir de quel bois faire des chevilles) :             - être indécis

                        - ou être tellement pauvre que n’importe quelle décision prise, l’échec est certain.

-Pida tchë ! (pitié ici) : interjection marquant l’impuissance lors d’un évènement dramatique, d’une situation compliquée.

-Pieuüre o tenin : pleuvoir à tenant, pleuvoir très fort et longtemps.

-Piquè le perèï ou piquè perèï : piquer le poirier, tomber la tête en avant ou tomber dans un ravin.

-Pourta de boun service : porté de bon service, toujours prêt à rendre service.

-Pourtè lo fricassado : porter la fricassée, porter un échantillon des meilleurs morceaux du cochon qu’on vient de tuer, aux parents et amis proches.

-Pourtè peno : porter peine, se faire du souci.

-Proumettre moué de bure que de froumage : promettre plus de beurre que de fromage, se dit a propos des candidats aux élections qui promettent plus qu’ils ne pourront faire plus tard.

-Qü d’atssë (ceux d’ici) : ceux-ci, en désignant des personnes ou des bêtes précises, du sexe masculin.

-Que coutèï coupo mo mu tolu (ce couteau coupe comme mes talons) : ce couteau coupe pas du tout.

-Quèï d’atssë (celui d’ici) : celui-ci, en désignant une personne ou une bête précise, du sexe masculin.

-Quelè d’atssë (celles d’ici) : celles-ci, en désignant des personnes ou des bêtes précises, du sexe féminin.

-Quelo d’atssë (celle d’ici) : celle-ci, en désignant une personne ou une bête précise, du sexe féminin.

-Rapè ino vesto : attraper une veste, être battu à une élection.

-Rapè lè fiaurè : attraper les fièvres,            - être malade ;

                                                                        - se dit à propos d’un ustensile de cuisine, d’un outil, etc (« o rapa lè fiaurè ») quand on vient de le casser.

-Rejo torto rimpeyi lo granjo jusqu’o lo pouorto (la raie tordue remplit la grange jusqu’à la porte) : Les raies tordues ont certes plus de plants que celles qui sont bien droites, mais le champ entier a-t-il plus de récolte ? C’est à vérifier.

-Rimbourssè chami : rembourser chemin, rebrousser chemin, faire demi-tour.

-Rouge mo inn’iquèïreuü (rouge comme un écureuil) : se dit d’une personne dont le visage est très rouge, naturellement ou à cause d’une suractivité physique, de la colère ou de l’enivrement.

-Ruya mo in téle : être complètement rouillé.

-Sé ayo de boou que fasin lè fiutè (il était fait avec le bois qui sert à faire les flûtes) : il changeait souvent d’avis.

-Se branlè lè coudenè : se branler les couennes, être oisif.

-Se fouére pourtè : se faire porter, être candidat à une élection.

-S’in crie : s’en croire, avoir une opinion flatteuse de soi-même.

-S’in-gnejoyo dji t’un cracha : il se noierait dans un crachat, se dit d’une personne ne prenant aucune initiative.

-S’in vire : s’en voir, peiner dans un travail difficile, ou dans la vie en général.

-Sur mo ino trapio : sourd comme une trappe : complètement sourd.

-Tachè moyen de… : tâcher moyen de , se donner toutes les chances pour réussir…

-Tchouè lo yumèïro ou tchouè l’iquiére (tuer la lumière) : éteindre la lampe électrique (clin d’œil à la chandelle ou le chalet à huile qu’on étouffait autrefois).

-Tchu bada (cul ouvert) : celui qui laisse la porte ouverte quand il rentre, surtout quand il fait froid.

-Te mouèïtou : toi aussi.

-Této de pouore : tête de cochon, butté, têtu, mal embouché.

-To bë ! : expression sans signification particulière utilisée comme pause dans la phrase.

-Tornè fouére (tourner faire) : retourner faire, refaire, recommencer.

-Tornè virè (tourner virer) : faire demi-tour.

-Trapiè lu collets verts (piétiner les carottes fourragères à collet vert) : trapier les collets verts, danser les danses modernes avec force gesticulations.

-Trèïnè mo un massacre (trainer comme un travailleur acharné) : trainer comme un massacre, travailler aux limites des possibilités humaine, équivalent à bourreau de travail.

-Tout bèlomin : tout doucement, tout naturellement

-Un boun pau : un bon peu, indique une quantité respectable d’un produit, d’une récolte, etc.

-Vègne cé !(viens ici) ou vègne van ! (viens !) : commande à un troupeau de bêtes, à des bovins attelés, à une personne éloignée, de s’approcher de la personne qui parle.

-Vi de bë : avoir du bien ou vi ce que faut : avoir ce qu’il faut, être riche.

-Vi de bié : avoir du « bié », avoir les qualités naturelles pour réaliser un travail particulier, plus ou moins difficile.

-Vi lè banè (avoir les cornes) : avoir les bannes, être fatigué et manquer de sommeil le lendemain d’une manifestation qui s’est terminée très tard dans la nuit. On a la tête embarrassée tel un cerf par les branchages qu’il rencontre.

-Vi le tchu dji l’égo (avoir le cul dans l’eau) : être pressé, impatient.

-Virè barquo (chavirer) : virer barque, devenir subitement malade mental.

-Virè lo quouo do pouore (tourner la queue du cochon) : entraver, ne rien faire, perdre son temps, s’occuper pleinement à faire quelque chose d’inutile.

-Virè lu vouè : tourner les yeux, éviter volontairement le regard de quelqu’un pour ne pas avoir à lui parler.

-Voué te lé ! : vas-y !

-Vouyi petè pu nau que teigni le tchu (vouloir péter plus haut que tu as le cul) : vouloir dépasser tes possibilités.

 

                                                                                    MJ

 

 

 



03/12/2012
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