Nature et Patrimoine de Moissat

Chroniques Moissadaires 1916-1918

CHRONIQUE DE MOISSAT 1916-1918

 

Lors de la Grande Guerre 1914-18 mon oncle Antoine JAFFEUX fut fait prisonnier en mai 1916 près de Verdun. Jusqu’en janvier 1919 il est en captivité en Allemagne près de Cassel. A son retour en janvier 1919 il emporte dans une valise en bois les lettres qu’il reçut, lettres qui sont restées miraculeusement intactes jusqu’à aujourd’hui, dans notre maison. La plupart sont écrites par sa mère, Marie Louise JAFFEUX, née TOURGON (ma grand-mère). En même temps que des détails personnels, elle indique les nouvelles du pays, ce qui alimente cette chronique.

Pour une lecture plus aisée on regroupe les thèmes par chapitres. Les citations de Marie Louise sont en gras italique.

 

LISTE DE SOLDATS AYANT PARTICIPÉ À LA GUERRE DE 1914-18 CITÉS PAR MARIE-LOUISE TOURGON

Marie Louise cite les soldats mobilisés au gré de leur venue en permission et de leur retour dans le conflit. Elle mentionne ceux qui restent plus longtemps en convalescence de maladie ou de blessures. Elle parle de celui qui n’écrit plus depuis quelque temps, signe annonciateur qu’il est prisonnier, ou … victime d’un plus fâcheux événement !

Ce sont par ordre alphabétique : BARRIER Émile, BLATEYRON Bénoni, BOUTERIGE Marcelin, BOUTERIGE Annet ou Antonin ou Eugène, CHALARD François ou Francisque, CHALARD Léon, frère du précédent, CHAPEL Benoît, CIERGE Benoît Baptiste, CIERGE François ou Francisque, frère du précédent, COHÉRIER Gabriel Félix, COHÉRIER Louis Antoine, COHÉRIER Arthur Joseph, COHERIER Félix, COHÉRIER Francisque Alphonse, frère d’Arthur, DUTHEIL Marius Thomas, COURTY Jean, DUPIC Joseph, GENESTOUX Alfred, GENESTOUX Jean, GRAS Michel, JAFFEUX Maurice, LAGEYRE Annet, Jean-Baptiste, MAZET Laurent, MAZET Claude, NUGEYRE Jean-Baptiste, PINET-LAGOUTTE François ou Francisque, PIREYRE Thomas, RETRU Félix, ROMEUF Jean, RUDEL Jean-Baptiste, THIBAUD Baptiste,

 

L’ANNONCE DE LA MORT DES SOLDATS

Les mauvaises nouvelles accompagnaient la vie des gens de la commune. Marie Louise en avertit son fils. Elle le fait toujours avec retenue. Est-ce dans sa nature ou pour ne pas éveiller la censure ?

- 27 août 1916 : pas de bonne nouvelle à te faire savoir de ton copain Félix. Il était content de savoir que tu étais prisonnier. A partir du 20 juillet, çà été fini pour lui, sans souffrance.

- il s’agit de Félix COHERIER, tué à l’ennemi, effectivement le 20 juillet 1916 à Curlu (Somme), lors de la bataille de la Somme ;

- 11 septembre 1916 : pas bonne nouvelle aussi pour Marius Dutheil depuis quelques mois.

- Marius ou Thomas DUTHEIL est mort tué à l’ennemi le 7 juin 1916 au fort de Vaux (Meuse) lors de la bataille de Verdun ;

- 18 février 1917 : pas de bonne nouvelle de Marcelin Bouterige, ayant pris du mal aux jambes ;

- il est mort à l’ambulance à Landrecourt (Meuse) le 20 janvier 1917 des suites de blessures de guerre

- 22 juillet 1917 : depuis quelques jours Eugène Bouterige est mort de la même maladie six mois après son frère Marcelin.

                        - Eugène ou Annet BOUTERIGE est mort tué à l’ennemi le 1er juillet 1917 au secteur d’Ailles (Aisne) au Chemin des Dames ;

- 13 août 1918 : Lageyre farrant est mort ;

- il s’agit de Annet Jean-Baptiste LAGEYRE, père de Pierre L., mari de Marie Jallat. Il est mort des suites de blessures de guerre le 18 juillet 1918 à Pont Chevalier (Oise), lors de la deuxième bataille de la Marne ;

 

LISTE DES MORTS « CIVILS » DU VILLAGE.

- Le 16 juillet 1916 : Ton grand père est mort le 22 mai ;

                        - il s’agit de Joseph TOURGON « Bourrat », né le 21 4 1835 de Gabriel et Marie DÉCOMBAS, marié le 18 2 1867 avec Antoinette AUDEBERT ;

- le 17 décembre 1916 : Demain on enterre Joseph Bost qui était au lit depuis quelque temps ;

                        - il s’agit de Joseph BOST, né le 11 8 1837, marié en mai 1864 à Seychalles avec Marie RIBEROLLE ;

- le 22 mars 1917 : Rose la petite d’Amélie, qui restait à Riom chez sa sœur, vient de mourir du croup. On l’enterre demain à Moissat. Tant comme elle était gentille ;

- il s’agit de Rose ÉMIR, 5 ans, fille de Joseph ÉMIR (un des premiers tués de la guerre en 1914) et d’Amélie COUTAREL, née le 6 octobre 1912 ;

- le 20 mai 1917 : Le père de Bénoni vient de mourir ;

- il s’agit du père de Bénoni BLATEYRON, c’est-à-dire Jean-Baptiste BLATEYRON, né le 23 12 1866 de Jean et Françoise CHALARD, marié le 29-10-1893 avec Marie Marguerite CHALARD. La date précise de la mort est le 19 mai ;

- le 23 novembre 1917 : notre voisine la Gouton est morte. On l’a enterrée hier, n’ayant restée que 4, 5 jours au lit ;

- c’est Marguerite CHALARD, née le 4 mars 1838, fille de François C et Marie COHERIER, veuve de Joseph PINET LAGOUTTE (mariage le 21 janvier 1867). C’est la mère de François PINET LAGOUTTE, dit « Tampesan », et grand mère de « Ziza » et de « Pinou » ;

- le 7 décembre 1917 : la grand mère qui était au lit depuis longtemps vient de mourir ce matin à l’âge de 90 ans. On l’enterre demain ;

- il s’agit d’Antoinette AUDEBERT, née le 21 1 1828 d’Alyre et Antoinette CHALARD, mariée le 18 2 1867 avec Joseph TOURGON, mort le 22-5-1916 (voir ci-dessus) ;

- le 23 janvier 1918 : Thomas Pireyre est mort depuis quelques jours ;

- il s’agit de Thomas PIREYRE, né le 7 mars 1845 à Montmorin, veuf de Marie REIGNAT. Ce n’est pas le père de François PIREYRE ;

- le 28 janvier 1918 : le père Dupic vient de mourir, ainsi que la vieille Chazerade à Pont-du-Château chez son fils,

- le père Dupic est Jean DUPIC, né le 1er janvier 1837 à St Jean des Ollières, marié à Marie NUGEYRE, père de Sébastien et Joseph DUPIC ;

- la « vieille Chazerade » était sûrement Catherine LACHAMP, née le 20-9-1825 à St Julien de Coppel, mariée en septembre 1845 à St Julien avec Jean GENESTOUX, père d’Hugues et grand père d’autre Jean GENESTOUX. C’est la trisaïeule de Jeantou DEBEUF ;

- le 10 février 1918 : Jeanne la femme de Jean paille est morte, étant au lit depuis la Noël ;

                        - il s’agit sûrement de Jeanne LAGEYRE, née le 9 janvier 1857 d’André et Catherine PIALOUX, mariée le 12-5-1878 avec Jean REIGNAT « Paille » ;

- le 19 octobre 1918 : Mort de Benoît Escot « Redon », ayant garni sa lampe avec imprudence. Le feu a pris à ses vêtements. Malgré les secours, il était trop tard. Il est mort dans la matinée ;

- C’est Benoît ESCOT né le 3-2-1842 de Benoît et Marie COHÉRIER et marié le 14-4-1872 avec Marie JALLAT. C’est un accident dramatique qui a dû émouvoir tout le village. On s’éclairait alors avec la lampe à pétrole, avant l’installation de l’électricité dans les années 1920.

 

LA FETE DE St EUTROPE

Marie Louise, comme tout bon travailleur de la terre parle souvent du temps qu’il fait, en indiquant à son fils les travaux des champs qu’ils réalisent, elle et son mari. Ceci est banal, néanmoins deux remarques météorologiques attirent l’attention :

- le 7 mai 1916 : Aujourd’hui il a fait beau temps jusqu’à midi, ensuite il a plu toute la soirée, mais çà n’a pas fait tort aux chevaux de bois.

- le 5 mai 1918 : Aujourd’hui fête patronale. Malgré qu’il pleut toute la soirée, comme il arrivait souvent, cela ne dérange pas les amusements comme autrefois, car ce n’est plus les mêmes et les mêmes plaisirs.

1- La dernière phrase montre l’amertume ambiante à la suite de ce conflit armé qui s’éternise ;

2- Notre fête patronale de Saint Eutrope, le premier dimanche de mai, a la réputation d’attirer la pluie. On voit ici qu’en 1916 et 1918 c’était pareil. Marie Louise ne parle pas de celle de 1917. A-t-elle été ensoleillée ?

                                                                            

Ce serait exceptionnel que des documents concernant la grande Guerre ne se trouvent que dans ma maison natale. Il doit bien avoir, dans d’autres maisons de Moissat et d’ailleurs, des lettres complétant cette étude. Fouillez vos greniers !

 

                                                                                                   MJ

 

Recto verso d'une lettre carte à partir d'une photo personnelle comme cela se faisait à l'époque. Les deux enfants cités dans le texte sont probablement Albert Lageyre et son frère Marcel

 

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EC1-b-moissat 1918.JPG



02/08/2014
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